Sorti de sa cage [Privé Milany]

Alors qu’il apostrophait son compagnon de cellule, la porte s’ouvrit une nouvelle fois, laissant passer une écuelle. Ce fut le moment que choisit Kasen pour bondir sur le vendeur avant qu’il ne referme la cage et de se précipiter dehors, les vendeurs à ses trousses. Il courut, courut sans s’arrêter jusqu’à finalement arriver sur une magnifique avenue bordée d’arbres et de jardinets en tout genre, ainsi que des plus belles maisons. Essoufflé, il ne le remarqua pas tout de suite et s’appliqua en premier lieu à reprendre sa respiration.

Ensuite, il jeta un œil derrière lui. Il semblait avoir semé ses poursuivants et c’en était d’ailleurs tant mieux pour lui. Avec de la chance, il réussirait à sortir des murs de cette ville et à regagner la tranquillité de sa montagne. L’ennui résidait juste dans le fait que ce serait plus dur à faire qu’à dire. En effet, le Neïko n’avait pas eu l’occasion de mémoriser le chemin emprunté par la voiture de ses kidnappeurs afin de reconnaître son chemin, trop occupé à leur chercher des noises et à trouver le moyen de sortir de sa prison. Kasen leva alors la tête, dressant les oreilles et battant de la queue. Le moins que l’on puisse dire était qu’il faisait contraste avec son jeans délavé et aussi un peu déchiré par endroit.

*Plutôt pas mal chic dans le coin. Les gens doivent pas vraiment être dans le besoin...Roooohhh mais on s’en fiche, le plus important c’est de sortir d’ici !!*

Récupérant son souffle, il se remit en marche, marchant sur la pointe des pattes comme tout bon félin qui se respecte. Il tourna à maintes reprises au coin d’autres nombreuses rues sans parvenir à définir l’endroit où il devait se rendre. En d’autres termes, il était clairement perdu en plein milieu de l’avenue. Ce qu’on pouvait nommer la malchance ou plutôt le non sens de l’orientation.

*Mais c’est quoi toutes ces rues qui se ressemblent toutes !!? Si j’en trouve un des concepteurs, je l’égorge !! Comment veut-il qu’on puisse se repérer dans ce dédale de marbre propret ? Tout bonnement incroyable !!*

Kasen prit alors le parti de se calmer, d’essayer du moins, attrapant sa queue entre ses pates et commençant à la tordre en tout sens pour s’occuper et réfléchir à une solution. Car il ne pouvait pas rester là, il ne devait pas rester là sinon on le retrouverait très vite et la perspective de revenir dans une cage ne l’enchantait guère.

Seulement, il était peut-être perdu mais pas dénué de tout sens animal. L’une de ses oreilles pointa dans la direction de l’intrus qui se retrouva être une Neïko, tout comme lui. Enfin du moins, elle y ressemblait plutôt pas mal bien qu’elle n’était pas vraiment comme lui. Elle avait quand même des atouts félins, c’était déjà ça. Mais le regard sauvage de kasen ne s’apaisèrent pas pour autant loin de là, se demandant ce qu’une Neïko, habillée avec des vêtements assez propres tout de même, faisait dans les parages. Interrogation qui lui fit hausser un sourcil tandis qu’elle reprenait son chemin, indifférente. Indifférente ???

« Mais c’est quoi cette ville, nom d’un castor !? Il y a d’abord des humains, ensuite d’autres...en cage et maintenant elle !! Où ce que je suis tombé ? »

Laissant là ses petites protestations, il préféra de loin suivre la jeune, et jolie il fallait bien l’admettre, Neïko, espérant que peut-être elle saurait lui montrer indirectement la sortie, plutôt que de rester là à poireauter sous une gouttière pendant plusieurs jours avant qu’on ne vienne le ramasser pour le remettre dans cet enfer sordide ! ça jamais ! C’était hors de question !! Donc, fort de ses réflexions, il suivit la Neïko, sans vraiment se soucier de se faire discret auprès d’elle. Bon d’accord, elle était plus jeune que lui mais c’était quand même une femelle !! Un être censé porter la progéniture et l’élever ! Oui bon d’accord, c’était pas vraiment le moment mais s’il était condamné à rester dans le coin, il fallait bien une petite compensation à tous ces petits sacrifices. Fierté en jeu quand même.

Tandis que la jeune Neiko avait reprit son chemin, snobant un peu au passage l'autre Neiko présent ici, ce dernier, était apparement décidé à se sortir de ce trou à rat, et se mit à la suivre. Il était d'ailleurs très peu discret, ayant l'ouie fine, la jeune chatonne l'avait de suite entendu lorsqu'il s'était décidé à emboîter le pas. Il voulait la suivre sans même lui adresser la parole ? Sans même un "s'il te plait" et un "merci" ? Là, il pouvait rêver !

Alors qu'un sourire des plus malicieux se dessinait sur les lèvres de la jeune fille, cette dernière continuait de marcher, faisant mine de ne pas avoir remarqué l'intru qui la suivait. Elle le fit marcher assez longtemps, s'amusant à faire des détours, restant toujours dans de sombre ruelle, sans pour donner pour autant l'impression d'être perdue, non, sur ce coup là, elle était le maître du jeu, un jeu très amusant, mais dont la féline se lassa rapidement. Alors, elle s'arrêta, soudainement, sans avoir fait le moindre geste pouvant prévenir de son arrêt brutal. Puis, une main sur la hanche, elle se retourna vers le neiko derrière elle, gardant un petit sourire sournois sur son visage.

Prenant une voix amusée et en même temps moqueuese, elle lui lança rapidement :

- T'espère me suivre comme ça toute la journée jusqu'à ce que je te fasse retrouver ton chemin ?

Kasen ne prit pas vraiment conscience du teps qui passait et du temps qu’il marchait, semblant à présent presque agacé de constater que ça ne menait jamais nulle part. A croire qu’elle le faisait tourner en rond exprès ! Elle avait dû l’entendre et se mettre dans la tête l’idée de le semer avec tous ces petits détours éreintants. Mais, ayant vécu en montagne une bonne partie de sa vie, Kasen ne broncha pas, pour une fois, pas pour un chemin. Boh, il n’avait pas encore perdu l’habitude de parcourir son territoire pour le marquer ou d’aller à la rencontre de ses femelle, ainsi que les préliminaires requis, etc. La vraie vie quoi !

Kasen s’arrêta alors en même temps qu’elle, attendant peut-être un signe, concluant aux alentours que cela ne ressemblait pas vraiment à l’entrée qu’il avait pu observer en arrivant à Olphéra. Lorsqu’elle se retourna, il rabattit ses oreilles en oreille, se contentant d’afficher un air calme et impassible. Simple question d’étique : se montrer féroce envers les mâles, courtois avec les femelles. Enfin, si on pouvait appeler ça de la courtoisie...parce que ça n’en était pas vraiment. Son sourire l’agaça, le faisant remuer le bout de sa queue par intermittence. Le ton de sa voix n’eut pas d’effet plus apaisant sur lui bien qu’il se contentait de garder un visage calme, quoique un peu blasé à présent.

« En fait, j’osais espérer qu’une femelle aurait pu se rendre utile pour une fois en m’indiquant la sortie de ce trou à rats. Mais je vois que c’est pas le cas...Je me demandais aussi ce qu’une aussi belle...chatte à première vue comme toi faisait dans les parages... »

Méfiance, garde méfiance lui soufflait cette petite voix à son oreille. Et si jamais elle était de leur côté ? Non non, c’était impensable. Ils étaient du même sang, de la même espèce, ils étaient semblables en quelques points. Le bout de sa queue persista néanmoins à battre l’air. Mieux valait ne pas trop chercher, car certes envers le sexe opposé il n’était pas spécialement agressif mais si une femelle allait un peu trop loin avec lui, ça risquait de dégénérer. Surtout qu’il n’appréciait pas trop la manière dont elle le regardait. Moqueusement, narquoisement. Chose qui lui fit émettre un léger feulement à l’adresse de son interlocutrice.

Pendant que son interlocuteur semblait réfléchir, elle, avait prit le temps de le détailler un instant. A présent, elle en était persuadée, ce garçon était bien un neiko, il en avait toutes les caractéristiques physiques. Par contre, il semblait avoir plus de caractère que la plus part. Les autres étaient pratiquement tout chétifs, soumis, seulement lui, semblait déjà plus réactif, un peu comme elle. Cette pensée la fille sourire, si il était aussi impulsif qu'elle, la conversation risquait fort de devenir rapidement houleuse entre les deux. Bon, elle n'avait pas non plus l'intention d'en venir aux mains, non, car si ce dernier possédait un maître, ce dernier irait se plaindre à Vorodill, et elle risquait fort de se retrouver une nouvelle fois enfermée dans cette cage de l'animalerie, et ça, elle se l'était jurée, jamais elle n'aurait à le revivre.

Observant son visage, elle put remarquer que de un, il était beau garçon, mais aussi, et c'était le plus important pour l'instant, qu'il semblait légèrement agacé par l'attidude de la jeune fille, l'énervait-elle ? Déjà ? Roh, mais où était l'amusement alors si il se laissait si vite emporter ? Bon, calme, il fallait qu'elle garde en tête qu'elle ne devait pas faire de scandale, du moins, pas maintenant, elle devait se montrer calme quelques mois pour mettre en confiance son maître, et ensuite, elle pourrait faire les quatre cent coups tranquilement, mais pour l'instant, calme et sagesse étaient de rigueur.

Elle soupira, gardant toujours sa main sur sa hanche d'un air blasé, air que donnait l'impression de partager son interlocuteur d'ailleurs !
Nouveau soupire lorsqu'elle entendit la phrase de ce neiko en face d'elle, ou plutôt, la fin de la phrase. Mais d'où sortait-il ce Don Juan ? A sortit ses beaux mots tout de suite, tss un coureur de jupons ? Sans doute. Elle regretta alors de ne pas avoir de jean tiens...
Elle roula des yeux, ah il voulait jouer les allumeurs ? Il risquait d'être prit à son propre piège alors.

Elle s'amusa d'abord à faire virvoleté sa queue, fouettant de temps en temps l'air d'un air supérieur, puis, devenant plus allumeuse, et amusée, elle commença à prendre sa longue queue entre ses mains, la gaisant glisser entre ses doigts.

- Tu te demandes ce que je fais là ? Je suis comme toi, je me balade, mais moi au moins j'ai le sens de l'orientation, c'est tout !

Elle le regarda un instant, histoire de voir si sa phrase l'énervait ou bien l'amusait, puis ensuite, elle continua :

- Tu te permets déjà d'être familier avec moi alors que je ne sais même pas comment tu t'appelles ? Tu sais que maintenant si tu parlais à une fille comme ça, tu risques de te prendre une baffe ? Mais t'as de la chance, je suis de bonne humeur aujourd'hui !

Apparemment, la Neïko ne semblait pas vraiment se rendre compte que ce que sous-entendait très implicitement [j’avoue XD] la phrase de Kasen. Se balader ? Lui ? En plein milieu de ces....choses qui ressemblaient à des...maisons ? Non, pas du tout. La remarque l’étonna plus qu’autre chose en fait. Mais il le dissimula bien vite, retrouvant son petit air blasé pour lui éviter de se faire des idées à son sujet. Partie comme elle était, elle serait plus que prompte à le dénoncer si jamais elle découvrait qu’il s’était sauvé de l’animalerie. C’est justement à ce moment-là qu’il sentit une pression sur son cou et débusqua un collier en cuir.

*Mais c’est quoi ce machin ?*

Rageusement, il crispa ses doigts autour d’un boud de la ceinture, s’étranglant partiellement, rentrant les griffes pour ne pas se blesser et tira d’un coup sec, arrachant le collier commençant à la démanger avant de le jeter au loin dans un buisson. Il se passa ensuite les pattes sur la gorge et la nuque pour se les masser et prendre un peu le temps de s’étirer, venant de remarquer les courbatures laissées par le voyage. Les dernières paroles de la Neïko lui parvinrent alors aux oreilles déclenchant un rire franchement moqueur.

« Au moins, tu as le mérite d’être drôle ! Là d’où je viens, les femelles n’ont aucun droit de protestation. Elles enfantent, elles élèvent et elles courtisent les autres mâles. C’est plutôt elle qui se prennent des baffes si elles ne respectent pas les règles ! »

La première et la dernière phrase revinrent lui trotter dans la tête. Evait-il ou non lui répondre ? Valait-il mieux laisser les choses sous silence un moment, juste le temps de la faire attendre un peu ? Ses oreilles se redressèrent, moins agressives qu’il y a deux minutes, sa queue continuant de se balancer mais plus lentement, ne touchant même pas le sol d’un poil.

« Tu es de bonne humeur ? C’est fou ce que ça m’avance ! Merci quand même de la plaisanterie, miss. Oh et si tu tiens tant que ça à savoir mon nom...c’est Kasen. Le tien ? »

Un petit sourire goguenard se dessina sur ses lèvres. Décidément, elle avait un bien beau sens de l’humeur cette jeune Neïko. Sa colère venait de s’envoler, pour le moment. Son angoisse d’être perdu au milieu de nulle part également. Tant mieux pour lui.

La jeune Neiko avait écouté Kasen que très rapidement, étant plutôt concentrée sur le geste qu'il venait de faire : retirer, ou plutôt arraché un collier. Etrangement, ce collier n'était pas étranger à la jeune fille, qui était en train de chercher où elle l'avait déjà vu tandis que l'autre en face d'elle, se massait la nuque. Puis au bout de quelques secondes, elle se passa à son tour la main sur le cou, celui-ci étant vide, et se souvint : L'animalerie ! Il s'était peut-être échappé ? Tiens, cela devenait plus interessant à présent...
Un petit sourire mesquin se dessina sur les lèvres de la neiko, tandis qu'elle affirma :

- Tu viens de l'animalerie n'est-ce pas ?

Elle soupira, revenant sur une phrase qu'avait prononcé Kasen un peu avant, de là où il venait, les femelles ne protestaient pas hein ? Bah là, c'était sûr, Milany et lui n'avaient pas vécut au même endroit !
Elle eut un petit sourire amusé, ce neiko se prenait pour un maître envers les autres Neiko, mais là, il était tombé sur un os, car elle, il n'arriverait pas à la dominer.
Reprenant son petit sourire mesquin de tout à l'heure, elle reprit :

- Mais tu as une drôle de vision des femelles... Elles devaient toutes être folles, ou bien encore désespérées pour rester !

Son sourire se radoucit légèrement lorsqu'il lui donna son prénom. Kasen ? Ouais, après tout, ça lui allait plutôt bien. Elle eut une moue légère tout en répondant très rapidement :

- Milany...

Elle aurait très bien put rajouter un "enchantée" seulement, il aurait fallut qu'elle mente sur ce point, donc elle préféra ne rien ajouter d'autre, lui laissant quand même la parole pour un court instant.

L’animalerie ? C’était donc cet endroit miteux où ces grosses brutes avaient osé le débarquer ? Possible...encore qu’il fallait s’accorder sur la définition, le Neïko en question ne sachant ni lire, ni écrire donc aucun accès au dictionnaire. Kasen termina son petit massage, laissant là la marque du collier sur sa peau. Elle partirait avec le temps si on lui en laissait l’occasion, ce qui l’étonnerait au plus haut point.

« Si c’est bien ce que je crois que c’est, oui... »

Kasen se lécha les babines, enfin les lèvres plutôt, toujours son regard de fauve rivé sur Milany. Son attitude était loin de lui plaire et pourtant...elle lui ressemblait quand même un peu quoique il fallait voir jusqu’à quel point. Et il continuait à la fixer dans les yeux sans sourciller, un peu comme s’il pouvait lire dans ses prunelles, ce qui n’était heureusement pas le cas. Manière d’intimidation aussi en quelque sorte, chez lui en tout cas.

« Ces femelles ont besoin de mâles pour les protéger du danger et à ce titre, doivent en accepter toutes les conditions, aussi déplaisantes soient-elles. C’est ça ou c’est la mort. Elles doivent aussi transmettre notre héritage. »

Sa langue refit un passage sur ses lèvres, par réflexe. Il entendit son prénom, plutôt joli. En gros, comme elle lui apparaissait. Il continua à la fixer intensément, battant toujours l’air de sa queue néanmoins. Un léger grondement franchit alors ses lèvres. Il n’avait pas très envie de rester planté là plus que nécessaire s’il devait encore marcher.

« Mène-moi à la sortie. »

Elle avait donc eut raison, il venait bien de l'animalerie, et donc, par logique, il était bien un Neiko. Elle le considéra un instant de haut en bas, il possédait étrangement, pas mal de fourrure, plus que la normale. D'habitude, la plupart des neiko possédaient uniquement les atouts de base, du style la gueue et les oreilles d'un chat, mais non, lui, avait plus.

Elle remarqua alors avec quelle intensité Kasen la regardait, c'était
étrange cette façon qu'il avait de la fixer, peut-être était-ce une méthode pour lui faire comprendre qu'il s'était proclamé lui-même dominant de cette situation ? Possible, mais si c'était le cas, il risquerait de se trouver face à une femelle tout aussi dominante que lui, et la suite des évènements pourraient bien en devenir plus interessants et posséder un peu plus d'action, car après tout, maintenant qu'elle savait qu'il ne possédait pas de maître, elle pouvait bien lui en faire voir de toutes les couleurs, car elle ne risquait rien, et le gérant de l'animalerie -si il arrivait à le récupérer- se contenterait simplement de faire de la mauvaise pub à ce neiko rebelle, ce qui aurait, au final, pour simple effet, que de le rendre moins désirable envers la clientèle, et également, de le faire croupir plus longtemps dans sa cage.
Cette idée ne déplut pas vraiment à la jeune fille, qui commençait sérieusement à ne pas apprécier les propos machos de Kasen, pour qui se prenait-il franchement avec ses grands airs supérieurs ?


- Les temps changent je te signale, maintenant même les mâles Neiko, sont soumis... Ou le deviennent rapidement

Ajouta t-elle avec un petit sourire amusé, s'imaginant déjà à quoi pourrait ressembler ce rebel si il était dompté, hm non, l'image ne lui collait pas du tout à vrai dire !
Et il continuait de la fixer, sans sciller, se passant même la langue sur ses lèvres au moment où Milany lui avait dit son prénom. Non mais c'était quoi d'abord ce geste ? Une façon de dire "ho celle-là, je me la taperais bien !" ? La jeune Neiko plissa le regard, et répondit d'un ton dédaigneux :

- Et pourquoi je t'aiderais d'abord hein ?

Kasen secua la tête avec réprobation. Entendre que les mâles se laissaient aller à la soumission ainsi était tout simplement dégradant, pour lui, pour eux. Et très pitoyable. Qui pouvait simplement accepter de servir des tortionnaires qui ne rêvaient qu’à votre corps et à vous rouer de coups si désobéisance il y avait. Qu’est-ce que c’était que cette vie d’espérance, de voir la liberté frapper à la porte sans jamais le faire ? Du vent ! On n’avait jamais rien sans rien dans l’existence !

« Pitoyable...Comment peuvent-ils simplement se laisser enfiler la corde au cou ? Ils n’ont donc aucune dignité, les mâles du coin ? Ce sont tous des faibles ? »

*Bienvenue au monde des fous, Kasen...Où ce que je suis tombé moi ?*

Ensuite, la protestation de la Neïko lui firent abaisser à demi les paupières, ramenant l’air blasé qu’il venait de quitter sur son visage. Décidément...pas du tout coopérative celle-là ! Autant se débrouiller tout seul, au moins on n’était pas en mauvaise compagnie. Kasen se remit en marche et la contourna, sans la bousculer malgré l’envie qui lui tordait le ventre, et reprit sa route quitte à se perdre à nouveau. Tant pis, il se débrouillerait seul !

« Puisque tu n’es pas coopérative, je m’en vais. J’aurais plus de chance de retrouver ma montagne seul qu’avec un boulet comme toi pour me guider jusqu’à la sortie. »

*Ah, les femelles...*

A la remarque du garçon, la jeune fille eut un plissement des yeux. C'était sûr, lui, il devait débarquer d'une autre planète, pour être si peu habitué à voir des mâles Neiko soumis. Pour elle, c'était pratiquement devenu automatique, rien déjà que le temps qu'elle avait passé en cage et où elle avait put remarquer à quel point les mâles de sa race pouvaient être craintifs et sembler si fragiles. A vrai dire, cela lui faisait un peu pitié, comment les hommes pouvaient à ce point rabaisser cette race ? C'était un débat sans fin et qui finirait toujours par la même chose : la soumission de la race inférieure.

Soupirant, la jeune fille haussa les épaules en répondant rapidement :

- Apparement oui.

Puis, voyant qu'apparement Kasen perdait patience avec elle -ce qui eut pour effet de la rendre encore plus satisfaite et amusée- , elle le regarda s'éloigner avec un petit sourire mesquin. Puis, se tournant vers lui, ne voyant que son dos, elle lui lança d'un ton amusé :

- Si tu vas par là, tu tomberas sur une impasse.

Elle attendit la réponse du neiko, voulant savoir si il allait s'obstiner à chercher tout seul un chemin, auquel cas il risquerait de continuer de tourner en rond, et finalement, risquer de retomber sur elle, ou bien si il allait essayer de changer de tactiquepour essayer de la faire changer d'avis et qu'elle se montre coopérative envers lui. Dans les deux cas, la jeune Neiko serait satisfaite, prouvant un peu plus qu'à ce moment précis, c'était elle qui tenait les reines.

La réponse de Milany était bien loin de la rassurer. Houlà, qu’il semblait bien loin de ses montagnes natales, perdu en plein milieu d’un faubourg avec une autre femelle à proximité, seuls au milieu d’humains et d’animaux soumis et dociles. Une véritable horreur ! Où était la nature, le gibier, les rires, les préliminaires nuptiaux ? Il n’y avait plus rien ici, rien, que du vent et des coups.

Il tourna seulement la tête en s’arrêtant légère en l’entendant lui indiquer l’impasse qui se dressa bientôt devant lui. Loin de l’impressionner d’ailleurs. Kasen détracta ses griffes et entreprit de gravir ce mur jusqu’à en atteindre le sommet ; pas facilement certes, mais il l’atteint et se déplaça bientôt jusqu’à la maison suivante par bonds successifs, gardant l’équilibre grâce à sa queue, sa longue queue bien pratique dans ces cas-là. Au moins de là-haut, il verrait peut-être un chemin, il arriverait peut-être à se repérer au milieu de toutes ces allées semblables.

Marchant à quatre pattes, l’une de ses pattes postérieures glissa sur une tuile qui s’écrasa un peu plus bas avant qu’il ne parvienne à reprendre le contrôle et se hisser à nouveau à quatre pattes, s’agrippant bien fermement aux ardoises du toit. Et malheureusement, de là où il était, il ne décelait pas vraiment grand-chose à part des maisons à perte de vue, ainsi que sa compagne un peu plus loin, plus petite également à cause de la hauteur de la maison.

« Tu connais cette ville par cœur, non ? As-tu toujours vécu dans cet endroit rempli de misère ? »

Kasen s’installa sur le rebord du toit, laissant pendre l’une de ses jambes ainsi que sa queue, repliant la deuxième (jambe ^^) et l’entourant de l’un de ses bras. Il regardait l’horizon même s’il n’y avait pas grand-chose à voir. Et il fronça les sourcils en posant le regard sur le villa d’en face, imposante, étincelante de luxe et de propreté, bref le summum de l’humanité, ce qu’il détestait par-dessus tout.

Milany alla s'appuyer contre le mur d'une maison, attendant simplement la réponse du Neiko. Réponse qu'elle pouvait attendre longtemps qu'elle celle-ci n'arriva pas. Non, à la place, Kasen s'était contenté de sortir ses griffes et d'escalader le mur d'une des maisons pour en arriver au sommet, sur le toit.
Et alors qu'elle s'écartait du mur pour essayer de l'aperçevoir d'en bas, à peine eut-elle levé la tête, qu'elle fit un bond rapide sur le côté, évitant de ce fait, une tuile qui venait de tomber du toit, sûrement à cause de Kasen.
Soupirant de soulagement, la jeune filel croisa les bras et retourna la tête en direction de Neiko, le soupçonnant même un peu de l'avoir fait exprès pour se venger, après tout, c'était possible, vu qu'il semblait complètement décalé par rapport à elle !

Mais alors qu'elle allait ouvrir sa bouche pour riposter et même, l'engueuler, elle se tut en plein début de phrase, interrompue par la question de son interlocuteur. Le regardant d'en bas, elle plissa les yeux très légèrement, non pas cette fois de mépris, mais de méfiance. C'était étrange mais, la question de Kasen la troubla un peu, elle avait cette fois-ci l'impression de parler à quelqu'un d'autre, comme si, cette image de macho avait été remplacé par quelqu'un de plus sérieux et "normal". Il avait, pour la jeune Neiko, changé du tout au tout.

Continuant de le regarder du là où elle était, elle hocha la tête sur le côté, se calmant elle-même par la même occasion, puis répondit en haussant les épaules.

- Oui, depuis toujours... Et oui je connais cette ville par coeur.

Elle vivait donc là depuis toujours, bien fâcheux tout cela. Elle ne devait pas saisir un traître mot de ce qu’il avait dit tout à l’heure. C’était triste aussi dans le fond même si elle paraissait avoir du caractère à revendre. Même s’il y avait des avantages à cette vie d’enfermement et de soumission, Kasen préférait de loin la liberté, ses montagnes, la chasse, son territoire à défendre. Que tout cela lui semblait si loin maintenant.

« Dans un sens c’est bien, dans l’autre c’est triste pour toi. La liberté est si belle... »

*Et ma terre me manque beaucoup...*

Kasen soupira, le bout de sa queue remua légèrement. Il en était déjà las de cette ville immonde qui le désavantageait. Il voulait sa liberté, rien d’autre. Il n’avait rien demandé, lui ! Raaahhh si cette abrutie de femelle avait fait plus attention, il n’aurait pas eu à s’en mêler et ne se serait pas retrouvé dans cet endroit sordide qui le paniquait. Façon de parler. Aucune « bonne » nouvelle du coin ne le réjouissait, surtout d’apprendre qu’il « aurait » un « maître » à qui il devrait « obéir ». C’était beaucoup trop abstrait pour quelqu’un qui débarquait de la vie sauvage comme ça sans préparation aucune. Mais faut dire qu’avec sa façon de leur témoigner sa « reconnaissance » de cet état d’emprisonnement, ils auraient bien vite fini à l’hôpital du coin sans avoir eu l’occasion de lui enseigner quoi que ce soit.

Kasen était comme ça : têtu et obstiné. Egalement très conforté dans son idée de domination masculine et de rivalités avec le même sexe, ainsi que de courtiser l’opposé à la saison des amours. Des vrais, des purs Neïkos vivant pleinement leur vie comme il se devait de l’être. Le jeune couguar se demandait ce qui l’attendait aussi, espérant de tout cœur qu’on ne le retrouve pas, intérieurement, bien qu’extérieurement, il garde son petit masque de glace. Son cœur battait la chamade chaque fois qu’il surprenait un bruit lointain mais rien d’inquiétant n’était encore apparu. Il ne voulait pas revenir là-bas, il désirait juste rester libre.

Etait-ce seulement possible ce que ce Neiko disait ? Existait-il vraiment un endroit où les neiko n'étaient pas des soumis, mais des dominants ? Un peu comme une sorte d'Eden ?
La jeune fille avait beaucoup de mal à y croire, car au bout de seize années où l'on vous enfonce dans la tête que vous devez obéir sans rechigner, avoir l'espoir que quelques part, la vie ne soit pas comme ça, était très difficile à croire. Dieu qu'il avait été chanceux alors, à vrai dire, elle l'enviait beaucoup ce macho, m'enfin, les femelles ne semblaient pas plus libres là bas qu'ici vu comment il en parlait. Elles servaient uniquement à enfanter ? Et l'égalité alors ?

- A quoi ça ressemble la liberté ?

Bon d'accord, peut-être qu'il aurait suffit de s'imaginer à Olphéra sans maître, sans ménage à faire, et sans devoir se forcer pour coucher avec quelqu'un mais bon, elle savait que ça devait tout de même être mieux que ça, ouais, d'ailleurs cela devait être pour ce raison que Kasen y était tellement attaché, à cette liberté perdue.
Le pauvre, il avait du être arraché subitement de son petit coin de paradis, par l'animalerie sans doute, pensa la jeune fille en se remémorant l'image du collier. Mais il était quand même tout de même peu prudant, s'évader comme ça de l'animalerie, était risqué, très risqué, car une fois qu'ils l'auraient retrouvé - A supposer qu'ils y arrivent - ils lui feraient passer un très mauvais quart d'heure pour avoir osé esssayer de les défier. Sales humains...

Une chance pour elle, elle n'était pas tombée sur un maître complètement dérangé, non il était normal, bon peut-être un peu trop attiré physiquement par sa Neiko, maiis sur ce coup là, elle pouvait s'estimer largement chanceuse par rapport aux autres !

[Sophocle m'a soufflé l'inspiration, ça doit se voir vu la façon de s'exprimer de Kasen et les images que je décris]

Alors comme ça, elle voulait une définition de la liberté ? Cela méritait réflexion c’est sûr. Hé non, ce n’était pas si simple que ça à définir même pour les moins intellectuels qui ne trouveraient sûrement pas leurs mots pour décrire ce qu’ils ressentent à ce simple mot. Liberté, un mot qui résonnait fort, bien haut, bien fier, dressant ceux qui jouissaient encore de leur liberté contre l’adversité dans un long chœur strident et endurant. Une bien belle image d’ailleurs mais ce n’était pas la réponse à la question de Milany. Kasen réfléchissait toujours à son image, un peu perdu dans ses pensées, cherchant, analysant, simplifiant peut-être des émotions qu’il avait ressenties lui-même mais elle peut-être pas. La liberté...

« La liberté si tu veux...il n’y a aucune contrainte, il n’y a aucun devoir envers un autre que soi, il n’y a pas lieu d’obéir à d’ordres sauf si une hiérarchie est établie même minime soit-elle. Mais on est libre de manger à sa faim, de boire à sa soif, de s’amuser, de se prélasser dans l’herbe à observer le ciel, le soleil, la lune et les étoiles, libres de petits plaisirs naturels mais nécessaires [l’acte sexuel pour les ignares lol]. Seulement personne ne te nourrit, il te faut trouver tout seul ta pitance et elle ne vient pas nécessairement tous les jours. C’est une vie dure comme agréable. C’est ça ma liberté. »

L’ennui que sa courte liberté à peine retrouvée ne durerait pas éternellement hélas. Non, ils le rattraperaient avec l’émetteur du collier qui restait dans le voisinage. A croire qu’ils avaient du temps à perdre ailleurs, sinon ils seraient déjà là à lutter contre un puma dans la fleur de l’âge. Et la victoire s’annoncerait très rude, l’animal n’ayant aucunement l’attention de se laisser faire et de revenir aux bas-fonds de la misère. Et c’était déjà assez troublant comme ça de se voir relégué à l’état d’esclave forcé de descendre de son piédestal et d’y voir s’y installer confortablement la race humaine qui croyait tout dominer. Une de ces images qui avaient le don de le mettre en rage chaque fois qu’il voyait le rondelet petit visage des petits d’hommes le fixer avec des yeux gros comme des assiettes, à supplier leurs parents pour enfin se faire horrifier par un esclave qui n’obéira jamais, même que la vie lui en coûte de ne pas changer d’opinion sur le sujet. Kasen était trop fier pour se contenter d’un rapport de soumission avec un de ses probables « maîtres » si jamais il y en avait un d’assez fou pour le sortir de sa prison puante. La pitié aussi était une cruelle ennemie. Kasen n’avait que peu de pitié et ne supportait pas en subir les effets, désagréables soient-ils d’ailleurs.

« Toi, quelle idée te fais-tu de la liberté ? Un monde merveilleux peuplé de désirs assouvis ? Un monde rempli de fantaisie ? Toutes ces visions imaginaires sont fausses. La vie est rude, la vie est douce amère, la vie est amour comme elle est haine, la vie a de multiples facettes ; la liberté également. Ne te berce pas d’illusions inutiles. Il ne sert à rien non plus d’espérer si on n’agit pas pour atteindre notre but. Telle est la loi suprême de ce monde de souffrances, de ce monde d’errance qui s’offre à nous depuis le tout premier souffle de vie. C’est ainsi et non autrement. Tu peux avoir une vision différente, le tout est d’accepter et d’assumer celle-ci. »