Chambre no.2

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Danaé avait passé la journée à vaquer à ses occupations, laissant un peu de temps libre à son jeune hybride. Après tout, elle n'allait pas le garder enfermer toute la journée! Ce n'était pas humain ça! Il avait lui aussi droit à quelques heures de liberté! Et puis elle faisait totalement confiance à Vlad, pourquoi en serait-il autrement? Elle savait que son jeune esclave n'irait pas se mettre dans le pétrin...

Elle continuait un tableau qu'elle avait commencé la veille. Assise dans la chambre par laquelle on avait accès en empruntant le couloir jusqu'au fond, elle peignait, laissant libre cours à son imagination débordante. Elle regardait son oeuvre, et elle n'était pas satisfaite du tout. Elle laissa un moment sa toile de côté et s'alluma une clope. Elle s'assit sur le rebord de la fenêtre. Elle portait toujours cette chemise blanche, maintenant tachée de peinture. Elle regardait la fumée de sa cigarette se déplacer au gré du vent.

Elle entendit la porte d'entrée qui venait de s'ouvrir. Elle fut soulagée! Son jeune hybride venait de rentrer. Ne bougeant pas de son endroit, elle l'appella doucement.

"Vlad... je suis dans la chambre du fond... tu peux venir... j'aurais besoin de ton avis?"

Elle ne se doutait pas en fait que son jeune esclave lui amenait de la visite. Elle le croyait seul. Elle attendit patiemment qu'il fasse son entrée dans la chambre.

Vlad avait passé outre les menaces du jeune (façon de parler lol) Fëanor tout le long d chemin, continuant de le traîner à la même allure, c’est-à-dire au trot, à la fois pour aller plus vite et pour ne pas risquer de semer ou de fatiguer le deuxième, peut-être moins habitué que lui à ce genre de course épuisante. Ah les humains, ce qu’ils pouvaient paraître fragiles sous leur petite carapace de durs qui se brise en mille morceaux dès qu’on touche un point sensible, quitte à leur faire péter un câble dans le bon ou dans le mauvais sens. Mais les esclaves n’avaient pas à les juger de bons ou mauvais car rien ne changerait, peu importe l’opinion qu’on avait de ses maîtres. On ne pouvait pas en changer, on devait faire avec donc, autant rester neutre jusqu’à ce que le maître en question se lasse d’eux et les revende au mieux, les tue au pire. Le monde ne faisait jamais de cadeaux, il l’avait déjà prouvé à maintes reprises bien que parfois...certains menaient une belle vie dans le luxe et le velours.

Pour Vlad, le luxe disons qu’il n’avait besoin que de ce qu’il avait et de ce qu’on lui donnait, c’est-à-dire nourriture principalement et vêtements si possible. Le reste il s’en fichait complètement ; richesse, lieu de résidence, tâches à effectuer...Aucune importance tant que ce n’était pas trop trop luxueux, vie rêvée de tous, sauf de lui-même. Le luxe amenait à la paresse et avec de la paresse, on n’obtenait jamais rien de bon. Exemple les gros richards de maîtres qui ne savaient plus remuer le petit doigt et appelaient leurs esclaves à tout va pour un verre, pour un bain ou que sais-je encore. Cette pensée fit esquisser une légère grimace de dégoût sur le visage de l’hybride, expression qui s’effaça rapidement lors d’un coup d’œil au jeune homme qu’il continuait d’entraîner jusqu’à se retrouver à l’adresse située sur la médaille proprement dite de l’animal.

Vlad pénétra silencieusement dans l’entrée, y lâchant Fëanor pour fermer la partie doucement, ce qui produisit tout de même un petit claquement ; en réponse, la voix de sa maîtresse dans la pièce du fond. Mais avant de la rejoindre, il invita tout de même son invité à s’asseoir en inclinant de la tête, apportant ensuite bien vite un petit plateau avec quelques boissons si ça le tentait ; il déposa le tout sur la petite table du salon avant de filer rapidement dans la pièce du fond, presque en un éclair, après une petite salutation tout de même. Là, il agrippa Danaé par la manche pour la regarder dans les yeux et pointa le salon du bout de l’une de ses griffes en se balançant légèrement dans ses jambes comme s’il était quelque peu nerveux ou pressé qu’elle le suive. Il ne voulait juste pas faire attendre Fëanor plus que nécessaire mais c’était aussi pour que sa maîtresse ne s’aperçoive pas tout de suite dans quel état il revenait de sa sortie, cachant toutes ses blessures enfin du moins essayant car côté dissimulation....Vlad n’avait pas l’habitude des miroirs non plus, en tout cas pas pour ce genre de chose. Et puis, plus vite Danaé accourrerait près de l’invité, plus vite Vlad se soignerait et se laverait.

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Il y avait un certain temps que Fëanor n'avait pas fait de sport. Son corps était très jeune et ferme, possédant cette capacité à ne pas s'empater devant l'immobilité, de plus son corps ne prenait aucun gramme de graisse lorsqu'il s'ingurgitait tout un pot de nutella ou autre produit délicieux mais gras. Quelques années auparavant, Fëanor cumulait la natation et le vélo, la boxe dans le privé. En résultait un corps bien sculpté et une bonne capacité physique. Mais il y avait maintenant un an qu'il avait tout arrêté par flemme, alors que le jeune homme s'enfoncait de plus en plus dans le monde inexplicable de l'adolescence : femme, alcool, argent, et pouvoir ~~et Neïkos~~. Ce léger footing que lui obligea Vlad ne le dérangea pas ou peu, n'étant seulement plus vraiment habitué à l'exercice sportif. Fëanor imaginait la rue de la souillon plus loin, aussi il stoppa net l'hybride lorsque celui-ci se mettait à courir plus vite : en effet, le maître ne pensait pas pouvoir tenir la cadence très longtemps, et se voir ainsi dépassé par un hybride lui était insupportable.

Tous deux arrivèrent bientôt dans la rue qui parut bien morne et crasseuse à Fëanor. Il était loin le confort de sa douce maison luxueuse ! Il espérait qu'aucun de ses riches amis ne le verraient ici, il en allait de sa réputation. La maison de Danaé était franchement petite, à l'allure normale qui dérangeait presque le jeune homme. Vlad vivait alors là-dedans... Il y en avait sûrement qui vivaient dans plus petit et mocue que ça, et les anciens Neïkos et esclaves de Fëanor auraient pu se sentir chanceux de pouvoir habiter dans sa maison. Mais ils n'étaient jamais satisfaits de leur situation. S'ils étaient mécontents d'être nés soumis, ils n'avaient qu'à se plaindre à Dieu.

Ils entrèrent dans la maison fort doucement, presque en un murmure, ce qui étonna Fëanor puisque le jeune homme avait toujours l'habitude d'entrer chez lui de façon impériale. Ce qu'il ne fit pas chez Danaé, ayant appris un minimum de courtoisie (hé oui !), ainsi il se plia à Vlad - la première mais la dernière fois ! - et s'assit à son aise sur le canapé, jambes et bras écartés : sa courtoisie avait tout de même ses limites. Vlad ramena quelques boissons qui ne tentèrent pas vraiment le jeune homme, mais la chaleur dehors eut raison de son organisme qui demanda bientôt une goutte de ce qui semblait être de la limonade. Lorsque Vlad partit chercher Danaé, Fëanor se souvint soudain que son apparence était négligée malgré les soins de l'hybride. Il tenta de remettre en place les quelques mèches de cheveux déplacées durant le footing et entreprit de plisser ses vêtements encore quelque peu froissés.

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Danaé fumait toujours sa clope sur le rebord de la fenêtre de la chambre, regardant les voluptes de fumée s'échapper de sa bouche. Toujours vêtue de sa chemise blanche, tachée de peinture, la jeune fille accorda toute son attention à son jeune hybride qui sembla avoir quelque chose d'important à lui dire. Mais, ce fut surtout les blessures de Vlad qui alartèrent en cet instant la jeune artiste. Elle lui prit doucement le menton pour remonter son regard vers le sien et regarder l'étendue des dégâts.

Il faut dire que Vlad était plus mal en point, mais Danaé détourna son regard un seul instant pour le porter dans le salon. À ce que semblait vouloir lui dire Vlad, il y avait quelqu'un qui l'attendant dans cette pièce.

"Vlad... regarde-moi.... qu'est-ce qui s'est passé..."

Elle savait qu'elle ne tirerait rien de son hybride. Elle savait qu'il ne lui dirait probablement pas ce qui lui était arrivé, mais elle devait tenté le coup. Elle plongea son regard inquiet dans celui de son hybride. Elle l'embrassa doucement sur le front, faisant attention de ne pas lui faire plus mal et elle se dirigea vers le salon.

La démarche assurée, on pouvait voir les longues jambes fines de Danaé. Sa chemise tombant au milieu de sa cuisse, la jeune fille ne crut même pas bon de passer à sa chambre pour enfiler un jeans. La chemise légèrement entrouverte, elle posa son magnifique regard vert sur l'inconnu qui siégeait déjà dans le salon. À regarder l'allure du jeune homme, il ne résidait sûrement sur cette rue. Mais pour quelle raison pouvait-il se trouver ici? Elle n'en avait aucune idée. Elle vit alors son jeune hybride entrer dans le salon. Elle s'assit sur le canapé en face du jeune homme tout en prenant Vlad par la main pour le forcer à s'asseoir avec elle.

"Bonjour... Danaé Descalie et vous êtes?"

Elle jeta un regard en biais à Vlad. Qui avait-il ramené à la maison? Elle n'en avait aucune idée. Avait-il sauvé Vlad d'un mauvais pas alors que ce dernier avait fait une bêtise? Elle n'aurait su dire. Pourtant, le jeune homme face à elle était plutôt craquant. Les traits enfantins de son visage avaient une beauté toute particulière. Elle continuait de détailler chaque partie du visage qui se trouvait assis en face d'elle. C'était une vieille habitude chez elle. Un mince sourire sur les lèvres, Danaé ne quittait pas cet invité surprise des yeux.

Vlad remonta donc le menton mais gardant son regard rivé au sol tellement il était honteux de se présenter ainsi devant elle. Si sale et si honteux qu’il en aurait volontiers pleuré mais en son for intérieur, quelque chose l’en empêchait pour ne pas envenimer un peu plus les choses. Alors, Vlad ne se laissa pas aller et se libéra bientôt de Danaé doucement pour rebaisser à nouveau la tête au sol et fixer ses pieds comme s’ils étaient plus intéressants à observer tout à coup. Et Vlad ne pouvait, ne voulait pas obéir à cet ordre direct, se tordant nerveusement les mains. Mais il garda le silence, les larmes aux yeux, heureusement dissimulées sous ses cheveux d’ébène.

Lorsque Danaé se dirigea vers le salon, son hybride lui emboîta nettement le pas mais tout de même, plus hésitant. Et alors que l’hybride tentait de se faire un peu oublier en entrant, voilà que sa maîtresse lui prenait la main pour qu’il s’installe sur le canapé où il se recroquevilla, remontant ses genoux et en entourant ses bras autour. Tout en gardant un œil sur Fëanor bien entendu, de temps à autre. Vlad surprit alors le petit regard de sa maîtresse et détourna rapidement le regard, hésitant entre rester et apporter d’autres vêtements plus décents à sa maîtresse. Il était juste un peu confus, ça passerait.

Et puis, la présence de Fëanor était loin de le mettre à l’aise même s’il paraissait calme extérieurement parlant. Il espérait en tout cas qu’il ne violenterait pas sa maîtresse auquel cas, il interviendra de nouveau, contre son gré certes mais pour la vie de Danaé. Tel était son destin et son devoir d’esclave : se soumettre et protéger et le maître et les biens de celui-ci. Un peu comme un chien de garde si vous préférez. Et tandis que Danaé fixait leur invité, l’hybride le regarda encore un léger moment dans les yeux avant de baisser le regard en direction de la table, puis de la moquette silencieusement, restant tout de même assez proche physiquement de sa maîtresse, au cas où.

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La chemise de Fëanor était vraiment dans un sale état, et l'espace d'un instant il eut peur d'avoir sali le canapé de Danaé. Ce fut quelques instants plus tard qu'il se souvint des griffures qui salissaient son si beau visage. Il était tant plongé dans ses pensées qu'il ne remarqua pas tout de suite l'arrivée d'une femme qui manifestement était la maîtresse de Vlad. Une drôle de femme qui devait se plaire à recevoir ses invités à moitié nue... mais cela ne dérangait pour rien au monde Fëanor. En effet, Danaé était plutôt belle. Le seul mauvais point dans cette histoire était la tâche de peinture sur cette chemise ; peut-être Danaé faitsait-elle partie de ces "bobos" d'intectuels qui déplaisaient tant à Fëanor. Enfin... cela prouvait au moins que la miss était douée de ses mains.

Son regard bleu croisa celui de Danaé presque par surprise, celui-ci ne put cacher sa gêne à se montrer ainsi - mais pourquoi n'avait-il pas prit le temps de se changer ? Fëanor baissa alors légèrement la tête en se raclant doucement la gorge, finissant bien vite de se recoiffer afin d'être en état pour la discussion qui suivait. Quelle impression allait-il donner à cette femme... ? Vlad s'assit juste à côté d'elle, et Fëanor ne pu s'empêcher de lui lancer un furtif regard noir plein de mépris qu'il tenta de dissimuler à sa maîtresse. Celle-ci se présenta peu après, et demanda à ce qu'il fasse de même.

"Fëanor Flinndak. Peut-être mon nom vous dit-il quelque chose..."

Il dévisagea Danaé qu'il trouvait bien belle, et il devina qu'elle devait à peine être plus vieille que lui. Le jeune homme se redressa, prêt à en finir au plus vite.

"Il semblerait que nous ayons eu une petite... altercation avec votre hybride, il y a de cela je dirai... moins d'une demi-heure ? J'ai tenu à ce qu'il m'ammène ici afin de vous témoigner de ma gêne - ainsi que du manque de respect évidement dont il m'a fait preuve. Les griffures qui parsèment mon visage peuvent bien sûr paraître bénignes, mais juridiquement... non."

Fëanor s'exprimait calmement, sur un ton mielleux du à la seule présence de Danaé. Non pas qu'il tentait de la charmer - si c'était le cas il en serait content bien entendu - mais c'était là la double facette de Fëanor. Tant de gens auraient aimé pouvoir avoir affaire à ce côté hyprocrite... Le jeune homme venait de faire allusion à la justice, mais il n'avait pas encore imaginé à coller un procès à cette femme, et ce n'était d'ailleurs pas vraiment son intention. Il voulait seulement que Vlad soit puni par sa maîtresse, ainsi l'hybride serait couvert de honte. Mais d'abord, Fëanor voulait savoir quel lien unissait le maître et son soumis.

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Aux propos tenus par Feänor, Danaé ne put s'empêcher de rougir. Elle laissa le jeune homme terminer sa phrase et elle ne put s'empêcher de remarquer non plus qu'il était vraiment lui aussi en mauvais état. Elle croisa de nouveau le regard de Vlad et la vérité la frappa en plein coeur. Se pouvait-il que Vlad s'en soit pris au jeune homme qui lui faisait face.

Elle détourna son visage de celui de son hybride. Elle se leva d'un bond, laissant Feänor et Vlad un moment seul dans le salon. Elle revint quelques instants plus tard avec quelques bouteilles et gazes, bien décidée à au moins soigner les blessures que Feänor avait sur le visage. Elle s'occuperait de celles de son hybride lorsque Feänor serait parti.

S'assoyant face à lui, sur la table qui était au milieu du salon entre les deux canapés, un sourire angélique apparut sur le visage de Danaé.

"Je suis vraiment navrée de le savoir, je m'occuperai de Vlad. Il ne recommencera plus. Laissez-moi au moins soigner vos blessures."

Danaé prit une bouteille qui contenait un liquide désinfectant et commença à appliquer le gaze sur la blessure au visage de Feänor. Ses gestes étaient doux et elle tentait de ne pas faire mal à Feänor, déjà assez mal en point lui aussi. Elle posa de nouveau son regard dans ce lui du jeune homme.

"Je suis vraiment désolée... ça n'arrivera plus... je vous le promet..."

Danaé se sentait vraiment mal. Elle tirerait toute cette affaire au clair avec Vlad, mais pour l'instant, l'artiste voulait à tout prix s'éviter un procès. Elle n'avait pas trop besoin de ça en ce moment. Elle continuait doucement de soigner les différentes blessures de Feänor.

"C'est déjà beaucoup mieux comme ça..."

Elle laissa sa main caresser lentement le visage de Feänor. Le sang ne recouvrait plus une partie de son visage et laissait seulement une plaie fine sur sa joue.

Alors comme cela, il se nommait Fëanor Flinndak...non LA famille Flinndak ? La famille réputée la plus riche et la plus puissante de la ville ? C’était vraiment très surprenant d’être tombé sur l’un de ses membres et aussi très malchanceux, ce qui ne fit qu’accentuer sa gêne. Et le jeune riche expliqua à Danaé sa propre version des faits que Vlad ne contesta en aucune manière ; ce n’était pas le moment de se ramasser d’autres embrouilles. Manque de respect ? Vraiment ? Les larmes revinrent presque dans ses yeux vairons. Qu’avait-il bien pu lui faire pour lui manquer de respect ? Et tout à coup, l’idée germa : son silence ! Son silence serait cause de ses souffrances ? Non...impossible, ce...ça ne pouvait pas être ça, enfin !

Et pendant que sa maîtresse se confondait en excuses tout en ramenant de quoi soigner le jeune maître arrogant, Vlad se recroquevillait d’autant plus, ignorant ses brefs regards noirs. A cause de lui, Danaé s’attirait des problèmes. Parce que c’était de SA faute ! De sa faute à lui ! Et bien que la perspective de la punition ne l’enchantait guère, il se dit et redit maintes fois en son fort intérieur qu’il le méritait de toute façon puisque sa faute resterait impardonnable, peu importe les coups. D’ailleurs, l’hybride assista sa maîtresse de son mieux pour les siens, avant de se décider à ouvrir la bouche et de délier sa langue, uniquement pour s’excuser, uniquement...mais les mots filaient déjà de ses lèvres rarement ouvertes.

« Excusez-moi...excusez-moi...je ne pensais pas vous manquer de respect...Pardonnez-moi pour vos blessures, je n’ai pas fait exprès, je tenais juste à la vie. Je ne voulais pas encore mourir... »

Il en avait trop dit et se mordit les lèvres en reculant, infiniment désolé de ce qui était arrivé bien que ça n’avait pas vraiment été de sa faute. Il avait juste utilisé des moyens d’ultime défense pour se tirer d’une mort certaine. Mais il s’en sentant tellement coupable maintenant et il avait tellement envie d’être isolé dans une pièce, rien que pour pouvoir laisser aller sa honte, ses souffrances et ses pleurs à leur paroxysme, car s’efforçant de les retenir en présence de tout public. Il ne voulait pas paraître plus faible qu’il ne l’était. Vlad se passa une main sur son œil au beurre noir et sur ses joues, encore rouges des coups mais n’étant pas les seuls atteints. Déprimant presque, il se réinstalla sur le fauteuil, presque roulé en boule, désirant uniquement se faire oublier comme s’il voulait disparaître de la surface de la terre en cet instant tragique.

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Des trois personnes présentes dans la salle, Fëanor était sûrement le plus à l'aise. Le jeune homme avait le dessus grâce au respect qu'imposait son seul nom de famille. Danaé semblait on ne peut plus gênée par l'attitude de son hybride, et celui-ci donnait l'impression d'un être complètement dépassé par la situation. Fëanor esquissa un rictus en pensant à ceci, surtout lorsqu'il vit la jeune maîtresse revenir avec un désinfectant à la main pour lui soigner son visage.

"Hé bien faites donc. On ne sait jamais à quoi s'attendre avec un hybride. N'hésitez pas à bien le punir... Il n'en sera que plus obéissant."

Le désinfectant fit légèrement picoter les griffures du visage de Fëanor, mais celui-ci ne réagit pas. Il plongea ses yeux dans ceux de Danaé et finit par ne plus réagir aux éléments extérieurs, laissant ses mains douces caresser son visage labouré. C'était un fait, Fëanor avait toujours aimé qu'on s'occupe de lui. C'était la cas dans sa jeunesse, à l'époque où il était trop jeune pour désobéir à sa mère. A partir de ses 12 ans, ils s'étaient tous deux éloignés, et Fëanor avait commencé à ressentir un manque d'affection, pauvre enfant pourri gâté qu'il était. Il laissa donc faire Danaé sans rien dire, regardant quelque fois Vlad qui s'agitait derrière.

Il faut préciser que Fëanor n'apprécia pas que l'hybride prenne la parole, surtout pour ce qu'il avoua. Il venait ainsi d'accuser le jeune maître de tentative de meurtres ! Celui-ci calma sa fureur, mais lorsque Danaé eut fini avec son visage, il se leva aussitôt et lâcha sur un ton sec :

"Accuse-moi de tentative de meurtre, tant que t'y es ! Tu me crois assez con pour tuer un hybride qui manque de respect ? J'ai mes limites, et une réputation à tenir ! Encore heureux que tu sois un hybride soumis dans l'âme, c'est toi qui m'aurait tué, avec tes griffes de loup !"

Fëanor ne voulait pas être considéré comme le méchant, d'ailleurs il ne s'imaginait même pas ainsi. D'accord, Vlad s'excusait pour son manque de respect, mais l'accuser ainsi, c'était autre chose ! Le jeune homme serra les poings lorsqu'il vit l'hybride se rouler en boule sur le fauteuil, et tenta de se calmer en détournant le regard vers Danaé. Il ne tenait pas à ce que la situation se retourne contre lui.

"Excusez-moi... aujourd'hui tout va mal, j'ai l'impression que tout ce qui m'arrive me dépasse. Je ne tiens pas à nous créer des problèmes, vous comprenez bien."

Même si bien sûr, la situation tournerait toujours à l'avantage des Flinndak.

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Danaé fut légèrement surprise d'entendre son hybride prendre la parole. Il ne l'avait fait qu'une seule fois avec elle. C'était toujours étrange d'entendre cette voix qui peinait à sortir à travers ses lèvres toujours aussi closes.

Elle ne comprit pas l'intégralité des paroles de son hybride, mais vu par contre la colère de Feänor lorsque Vlad eut fini sa phrase. Que s'était-il donc passé pour qu'ils en viennent aux coups tout les deux. Parce que, forcément, le litige avait opposé ses deux personnes. Elle n'en doutait plus à présent. Vlad lui aurait manqué de respect? Danaé avait un peu de difficulté à y croire, mais c'était possible aussi.

Alors que Feänor s'était légèrement emporté, Danaé appuya doucement sur son épaule, pour l'inviter à s'asseoir à nouveau. Après tout, il restait toujours le bras.

"Je suis vraiment désolée... Je m'occuperai de lui... Ne vous en faites pas... Maintenant, cessez de bouger un moment pendant que je m'occupe de votre bras..."

Danaé parlait toujours de cette même voix douce qui lui était caractéristique. Elle allait parler à Vlad dès que Feänor serait parti. Elle devait savoir sa version des faits. Elle commença doucement à désinfecter son bras. Les plaies semblaient plus profondes à cet endroit. Elle utilisa le gaze de façon à ne pas faire de mal à Feänor.

"Pour ce qui est de vos vêtements, je paierai pour remplacer ceux que vous a brisé mon esclave. Après tout, c'est la moindre des choses..."

Danaé voulait vraiment éviter à tout prix les ennuis. Elle planta de nouveau son magnifique regard vert dans les yeux bleus de Feänor. Elle essayait de ne pas détourner son attention du jeune homme, malgré le fait qu'elle s'inquiétait beaucoup pour Vlad en ce moment.

La réponse de Fëanor tomba dans son oreille comme un éclair au milieu d’un orage, amenant un plissement de yeux au niveau de l’hybride. Son agresseur se disculpait de ses actes comme s’il en avait parfaitement le droit ! C’était inhumain, bien que Vlad théoriquement parlant n’était pas humain à part entière, il ressentait et comprenait la même chose qu’eux. S’il avait été doté d’un caractère plus rebelle, nul doute qu’il aurait craché à la figure de ce petit riche qui croyait avoir raison même s’il était en tort. Et les doléances de Danaé étaient loin de tranquilliser le pauvre animal qu’il était. Une idée germa dans son esprit : elle ne le croirait pas. Elle ne le croirait pas parce qu’il n’était qu’un hybride ! Et bien qu’il tenta de chasser cette obscure idée de son esprit, elle n’arrêtait pas de revenir régulièrement tournoyer dans son esprit embrumé.

L’hybride garda ensuite le silence comme il savait si bien le faire, jetant de temps en temps quelques légers coups d’œil du côté de sa maîtresse toujours occupée à soigner Fëanor, ce qui l’endolorisait car il se sentait un peu mis à l’écart, dans son coin. Il se retourna de l’autre côté, toujours en état de pelote de laine vivante et ne bougea plus, la queue enroulée autour de lui, crispant ses doigts griffus au plus profond de ses poils d’ébène. Il aurait tant voulu pouvoir lacérer quelque chose en cet instant, surtout un certain visage qui ne cessait avec ses grands airs. Vlad détestait les regards qu’ils semblaient s’échanger tous les deux, il ne savait pourquoi. Et il resta là un long moment à crisper ses doigts dans ses poils, serrant les dents, retenant les larmes qui ne manqueraient pas de couler. La vie n’était décidément pas juste et notre cher hybride en avait eu assez de souffrir. Comme si le destin venait de lui retomber dessus méchamment pour lui dire de ne pas s’illusionner. Qu’il n’était qu’un objet bon à malmener et rien d’autre. Comme une lampe ou un livre qu’on pouvait disposer au gré de ses humeurs. L’ennui c’était que la vérité n’était pas toujours plaisante à écouter et surtout pas celle-là qui lui lacérait le cœur. Mais encore une fois, il garda les lèvres closes et agit en conséquence c’est-à-dire comme s’il ne se passait rien de répréhensible et que tout était normal. Mais au fond, l’hybride souffrait...pour le meilleur et surtout pour le pire, pour tous ces humains arrogants et prétentieux qui se prenaient de haut et se posaient sur un piédestal.

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La bêtise de Vlad énervait au plus haut point Fëanor. A présent enroulé sur son fauteuil à pleurer dans son coin l'hybride paraissait encore plus pitoyable, même pas capable d'assumer ses actes. Deux choix lui avaient été proposé : obéir gentiment à Fëanor sans broncher, ou le tuer lorsque cela avait été en sa capacité. Mais il s'était laissé battre, pauvre soumis qu'il était, et voilà où il se trouvait. Fëanor l'aurait bien passé à tabac si cela lui avait été permis, si Danaé n'avait pas été là : qui sait comment aurait réagi Vlad, dont la puissance et l'état d'hybride lui permettait peut-être de lui tenir tête ?

Danaé lui fit signe de s'asseoir, ce qu'il fit aussitôt, bien qu'à contrecoeur. La jeune femme se mit alors à lui désinfecter les plaies du bras. En effet, elles étaient ici plus profondes, le coup de Vlad plus puissant. Les picotements ne furent pas pire que ceux du visage, mais assez désagréable. Combien de temps ces griffures allaient-elles rester là sur lui à le salir ? Fëanor ne savait, et plus il y pensait, plus il maudissait Vlad de l'avoir ainsi touché. Avec toutes les ressources qu'il possédait en tant que milliardaire, le jeune aîné des Flinndak pouvait aisément faire tuer Vlad en faisant passer cela pour un accident...

Il soupira un bon coup en se laissant aux soins de la douce Danaé, mais il ne comptait pas s'attarder dans cet appart' miteux. Qui sait ce que raconterait Vlad à Danaé lorsqu'il partirait ? De vilaines choses, oui... La maîtresse était peut-être trop attachée à son hybride pour le savoir si insolent à s'attaquer à un Flinndak. Fëanor n'allait pas se laisser faire.

"Je ne vais pas continuer à jouer les hypocrites plus longtemps, je me suis déjà chargé de lui faire comprendre sa bêtise. Mais rien ne vous empêche de l'emmener au centre de dressage de la ville... Je ne sais pas si vous pourrez en tirer quelque chose, mais bon. Ne soyez pas trop douce avec votre hybride, vous lui donnez l'impression d'avoir une trop grande place dans votre vie, et lorsqu'il ne supportera plus son statut de soumis, il vous le fera cruellement comprendre... Beaucoup de gens se sont ainsi faits avoir."

Et c'était vrai. Mais il savait qu'il n'apprenait rien de nouveau à Danaé. Son aveu consistait aussi à faire peur à Vlad.

"Dites-moi... que faites-vous dans la vie, mademoiselle Descalie ?"

Il se mit à rire intérieurement. Tant de courtoisie pour une femme qui avait pratiquement son âge ! Les bonnes manières de sa riche vie déteignait trop, Fëanor avait peut-être besoin de s'évader de sa prison dorée de temps en temps.

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Danaé continuait de s'occuper méticuleusement de Feänor faisant attention à ce qu'aucun de ses mouvements ne puisse le blesser davantage. Cela ne l'empêchait pas de se faire du soucis pour Vlad qu'elle entendait pleurer derrière elle. Elle sourit à Feänor et laissa retomber le gaze un moment. Comment un visage si doux que le sien pouvait-il laisser transparaître autant de colère? Elle n'aurait su le dire.

Elle repoussa gentillement une mèche des cheveux de Feänor qui s'était retrouvé devant son visage. Elle put voir de nouveau son magnifique regard bleu se poser dans le sien. Danaé aimait beaucoup le bleu de ses yeux. Elle se demandait bien quel âge pouvait avoir le jeune homme qui se tenait ainsi devant elle.

"Je verrai pour le centre... mais je vous remercie énormément de votre conseil..."

Elle ne cessait pas de sourire, souhaitant vraiment éviter les ennuis. Son petit visage d'ange avait cette expression douce et sereine. Elle était souvent comme ça. Elle parlait toujours de cette même voix mélodieuse, ne voulant pas déclencher une réaction de colère à son égard.

"Ce que je fais... bien... heu... je suis serveuse dans un café... et je peins aussi... bien que pour le deuxième, je ne gagne pas encore ma vie avec ce que je peins..."

Elle baissa lentement les yeux. Elle se doutait bien qu'un jeune homme de sa trempe avait suffisamment d'argent pour subvenir à ses besoins et qu'il n'aurait probablement pas à travailler de toute sa vie. Tandis qu'elle, avait toujours travaillé.

Malgré le fait que ses parents étaient riches, Danaé avait toujours refusé leur argent pour quoi que ce soit. Elle voulait subvenir elle-même à ses besoins, sans avoir à compter sur quiconque. Elle ne voulait rien devoir à personne. Elle s'assit en tailleur sur la table, sa chemise entre les jambes, son regard vert toujours planté dans le bleu des yeux de Feänor. Elle ne se laissait pas de découvrir chaque parcelle de bleu de ses yeux. Elle se demandait si elle pourrait reproduire ses yeux dans un portrait.

Elle n'avait jamais vu un bleu aussi profond que le sien. C'était à couper le souffle. Tellement intriguant. Elle jeta un regard en direction de Vlad qui n'avait pas bougé de sa position. Elle attendrait définitivement que Feänor quitte l'appartement avant de lui parler. Le rouge aux joues, Danaé s'aperçut qu'elle fixait depuis un moment les yeux de Feänor et que ça devait probablement agacer ce dernier de se faire regarder de la sorte. Elle baissa à nouveau son regard.

"Et vous, à quoi occupez-vous vos journées?"

Elle n'était pas dupe. Elle avait quand même entendu parler de cette famille richissime, même si elle ne s'était pas laissée aller à démontrer quoi que ce soit devant son invité. Elle se contenta tout simplement de lui sourire à nouveau, s'inquiétant toujours pour Vlad.

Bien qu’il laissait ses pauvres et maigres larmes s’écouler le long de ses joues, ça ne l’empêchait pas d’écouter d’une oreille distraite ce que les deux autres se disaient dans son dos. Il en entendait de belles d’ailleurs ! Un centre de dressage ? Lui ? Aller à un centre de dressage ? S’il avait été plus moqueur, il lui aurait ri au nez. Il n’en avait pas vraiment besoin quoique...ça ne semblait pas être l’avis de sa chère maîtresse qui approuvait sans rien dire, peut-être à cause du statut et de la richesse du jeune homme qu’elle dévorait des yeux. D’autant plus que le deuxième continuait ses petits commentaires, salissant la réputation de l’hybride. La tromper ? Jamais...il était né pour servir, il mourrait ainsi en servant. Il n’espérait pas de meilleure vie, c’était clair et net dans sa tête.

En voyant les efforts de Danaé pour ne pas avoir d’ennuis, Vlad ne pût que rester prostré là sur le canapé qui l’avait accueilli lors de son arrivée. S’il bougeait, il envenimerait les choses alors autant se statufier au moins, rien ne virerait à nouveau au drame et sa maîtresse ne lui en voudrait pas trop avec un peu de chance. Et l’hybride ferma bientôt les yeux pour se laisser aller à ses cauchemards, attendant que celui qu’il était en train de vivre prenne fin. L’image de son tout premier maître, l’enflure qui lui avait donné naissance occupa son esprit longuement ressassant tout ce qu’il avait vécu de douloureux, tout son parcours jusqu’ici. Sa naissance enfin ce qu’il s’imaginait comme naissance, sa servitude depuis qu’il avait l’âge de marcher, les coups, les remarques désagréables, le rabaissement quotidien lorsque le maître s’ennuyait, son premier abus sexuel qui lui arracha un gémissement hors-rêve et enfin l’assassinat de sa mère qui lui fit rouvrir les yeux et se redresse presque en sursaut, s’efforçant de paraître détendu alors que son cœur battait la chamade comme jamais.

Mais bien vite, il se recoucha, se rassurant à la vue de Danaé, replongeant dans ses rêves jusqu’à l’arrivée de son deuxième maître dans sa vie, seule personne au moins, enfin la première à avoir su lui délier la langue et lui faire reprendre quelque peu goût à la vie. Et malheureusement son bienfaiteur mourut peu après et Vlad qui changeait de mains en mains jusqu’à cette affreuse boutique d’hybride où il avait atterri, la mort dans l’âme, déprimé comme jamais sans le montrer. Bien qu’il était toujours triste de la mort de celui qu’il aurait pu appeler son ami ou son père de substitution, il était quelque part heureux d’être tombé jusqu’ici, ce qui se confirma en croisant un bref regard de Danaé en trouvant la force de sourire, ne pensant presque plus à l’incident d’il y a quelques minutes. Mais très vite, son champ de vision se déplaça sur Fëanor sur lequel il détourna rapidement le regard en effaçant toute trace de bonheur sur son visage. Laissons le temps à cet humain de se faire soigner, de parler un peu et ensuite de partir sans plus demander son reste, du moins Vlad l’espérait. Pour Danaé et uniquement pour elle, peu importe le sort qu’on lui réserverait tant que sa maîtresse n’en subirait pas les dommages.

Invité

M'enfin, à quoi jouait Danaé ? C'était quoi ces petites caresses qui avaient comme excuse les cicatrices de son visage, et ses regards d'un vert éblouissant se plongeant dans les siens ? Loin d'être embêté par la situation, il se jeta même dans ce qu'il pensait être son jeu de charme. Sa voix et ses attitudes étaient calmes et douces, se pouvait-il que tout cela cachait une certaine hypocrisie ? Fëanor était conscient que Danaé connaissait très bien sa famille et sa réputation, peut-être avait-elle peur de s'attirer ses foudres. Mais il se posait trop de questions, aussi décida t-il de s'en tenir à son plan - draguer la belle, mener ainsi la vie dure à Vlad et se foutre par la même occasion des deux en même temps. Joli coup... Hum, il lui faudrait quand même récupérer un Neïko à l'animalerie après.

Ainsi, Danaé était serveuse et peintre à la fois. Oui, cela justifiait le peu de luxe de l'appartement. Son entrée dans la demeure de la jeune femme lui avait permis de jeter un rapide coup d'oeil à son art, mais Fëanor étant complètement dépassé par tout ce qui est qualifié d'art, qualifia mentalement de "gribouillages sans intérêt" les talents de Danaé. Le jeune homme étant incapable de dessiner la moindre fleur avec ses mains, comment voulez-vous qu'il soit touché la peinture ?! Quant au boulot de serveuse, Fëanor n'avait aucune estime pour les personnes l'exercant. Peut-être pourrait-il faire exception pour Danaé ? Hum, il lui faudrait se montrer raisonnable.

Jetant son regard vers celui de Danaé, il ne manqua pas de remarquer que celle-ci le dévisageait depuis un certain temps. Etait-ce par mépris... ou par admiration ? La jeune finit par le remarquer et baissa les yeux, puis finit par demander au jeune homme ce qu'il faisait de ses journées. Vlad était totalement sorti de ses pensées.

"Hé bien, je ne suis qu'un simple étudiant qui attend de pouvoir à nouveau s'asseoir les bancs du lycée... Vous vous inquiétez à propos de Vlad ? (il venait aussitôt de se rappeler de sa présence) Pas d'inquiétude, il s'en remettra. C'est un hybride après tout..."

Invité

Danaé sourit. Elle pouvait parfois être si naïve. Elle ne faisait pas de charme à Feänor, elle était tout simplement gentille avec lui, comme elle était gentille avec n'importe qui qu'elle croisait. Elle continuait de le regarder jetant parfois des regards inquiets vers son hybride. Il semblait tellement en piteux état.

Il y avait certes une relation spéciale qui unissait Danaé et son hybride. Après tout, Vlad était le premier avec qui elle l'avait fait... et ça elle n'aurait jamais honte de le dire. Il avait été si doux avec elle, si tendre... mais ça, elle ne le dirait à personne. Elle garderait ses souvenirs gravés en elle, appréciant chaque fois qu'elle y repensait. Elle frissonna légèrement alors qu'elle avait l'impression de sentir les mains de Vlad caresser doucement son corps. Elle tentait de se concentrer à nouveau sur la conversation.

"Étudiant... vous en avez de la chance... j'ai dû arrêter mes études... mais je ne perds pas espoir, un jour, on ne sait jamais..."

La jeune fille était certes très rêveuse. Elle soupira faiblement, pensant à ce qu'elle aurait pu devenir si elle avait accepté de continuer ses études. Elle tourna à nouveau son regard vers Vlad lorsque Feänor mentionna son nom.

"Oui... j'espère... enfin... qu'il va aller mieux..."

Malgré tout le calme dont elle pouvait faire preuve devant Feänor, Danaé ne pouvait s'empêcher de se faire du soucis pour Vlad. Elle posa de nouveau son regard sur Feänor, se disant qu'il aurait peut-être des doutes si elle ne cessait de poser ce regard attendrit sur son hybride.

[Envie d'un mélodrame, je sais pas pourquoi. Peut-être que je déprime je crois XD]

Toujours à l’écart, Vlad écoutait non moins la discussion des deux autres, toujours occupés à leur soin et à leur petit échange de banalités. Jusqu’à surprendre son nom dans la bouche de son agresseur et d’y porter un brusque intérêt, tout du moins une écoute un peu moins dissimulée qu’elle n’aurait dû l’être. Sa dernière phrase le choqua presque ; il n’était qu’un hybride. Il avait raison...il n’était en effet « qu’un » hybride. Mais dire tout de suite qu’il s’en remettrait, c’était faux. Enfin si, il s’en remettrait bien mais pas tout de suite. L’hybride gardait tout de même un petit côté humain, croisé d’un humain et d’une autre hybride. Si les êtres humains se croyaient supérieurs, qu’ils continuent ! Ils en pâtiront bien après d’ainsi jouer aux apprentis sorciers.

Mais Vlad se redressa ensuite, risquant un léger regard sur Danaé, se demandant s’il aurait pareille pensée en ce qui la concernait. Non, la réponse fut rapide. Non. Pas pour cette jeune femme si douce, brutale certes mais rarement. Une jeune femme dont il sentait l’inquiétude percer à chacun de ses gestes, chacun de ses mouvements, chacun de ses regards à travers les yeux bleus de Fëanor, regards renvoyés grâce aux pupilles miroirs du jeune homme. Surtout ce qu’elle venait de dire qui avait fini de lui mettre la puce à l’oreille. Est-ce qu’elle s’inquièterait pour lui ? Lui qui n’est rien ? Oui. Oui, elle s’inquiétait, ce qui le fit sourire. Et ce qui le fit aller vers elle et enserrer son cou, laissant voguer son souffle chaud contre sa nuque, juste pour la rassurer.

« Je vais bien. »

Il disait ça plus pour la rassurer qu’autre chose. Car en vérité, à l’intérieur, il se sentait très mal physiquement et un peu mentalement parlant. Mais il ne pouvait pas se laisser aller à des jérémiades ainsi en public et même tout court. Et il ne supportait pas de devoir occuper l’esprit de Danaé devant un autre homme, un homme plus digne d’elle que lui. Vlad avait peut-être eu le privilège de la dépuceler mais elle ne pourrait jamais aller que vers un humain amoureusement parlant. Et même si ce choix devait se porter sur l’être qu’il détestait le plus, l’hybride la soutiendrait dans sa relation jusqu’à ce qu’elle y mette un terme elle-même ou qu’elle passe sa vie avec son bien-aimé, en portant peut-être ses enfants par la suite. Vision bien triste du futur pour le pauvre animal mais il n’y avait que le bonheur de sa maîtresse qui comptait, peu importait le sien. Que son sort soit meilleur ou non. Tout ce qui comptait pour lui, c’était qu’il continue d’être au service de sa maîtresse jusqu’à sa mort, son dernier soupir. Et là alors, ses dernières pensées ne seraient dirigées que vers une seule et même personne : Danaé. En premier lieu Danaé. Parce que leur union si jamais ils éprouveraient des sentiments réciproques, ne pourrait jamais se concrétiser. Jamais.

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