En attente d'un maître

La réserve des esclaves n’était pas vraiment un lieu agréable à vivre. Il n’y avait que des sortes de petites cellules à barreaux où étaient emprisonnés chacun des esclaves qui étaient en vente. Des aristocrates, des personnes très riches ou alors simplement des gens qui avait envie d’un esclave, bref, de nombreuses personnes aux différents statuts parcouraient la pièce l'une après l'autre au courant de la journée, examinant chaque personne dans chaque cellule afin de trouver ce qui lui conviendrait le plus. Certains esclaves avaient de la chance, et tombait sur un gentil maître qui allait sûrement l’aimer comme son égal ou bien s'en occuper, mais d’autres tombaient sur des maîtres sadiques, effrayants, qui n’allaient vraiment pas se gêner pour profiter entièrement de leur esclave. L’ambiance n’était pas à la rigolade, les esclaves ne discutaient vraiment pas entre eux. Ils attendaient seulement leur tour, le jour où ils allaient enfin sortir de cette cage, pour le meilleur ou alors pour bien pire.

C’est ici, dans l’une des cellules du fond de la réserve, que se trouvait une jeune fille de 18 ans à peine, avec de longs cheveux blonds en queue de cheval, vétue d'un haut gris léger et d'une jupe courte rouge. Les yeux bleu azur d'Eleanor fixait le haut de sa cellule, jetant de rapide coup d'oeil de tant à autres pour voir les acheteurs potentiels passer devant la cage. Certains esclaves avaient été choisi avant elle, mais il en restait bien d'autres encore. La jeune fille se mit le dos contre les barreaux puis finalement s'endormit par fatigue.

Vendeur: Hey toi! Réveille-toi! Et prend ça!

Eleanor venait de se réveiller en sursaut une heure après, à cause du vendeur qui était en train de faire la tournée nourriture. En effet, des esclaves squelettiques ou à moitié malade ne lui rapporteraient pas grand chose. La jeune fille, qui s'était cognée la tête en se réveillant, mis la main gauche à l'endroit où elle allait bientôt avoir une bosse, et tendit l'autre pour prendre la nourriture que lui avait donné le vendeur. Puis elle commença à manger avec peu d'enthousiasme.

*Bon ben bon appétit comme on dirait normalement*

Le repas était toujours aussi infect, mais au moins, elle avait quelque chose pour apaiser sa faim. Celà lui évitait surtout les grognements incessants de son ventre quand il criait famine. Elle se demandait même si ce qu'il leur servait n'était pas des vieux restes qui dataient de plusieurs jours. Rien qu'à en voir la couleur celà pouvait en faire palir plus d'un. Mais en tant qu'esclave, elle allait pas faire la fine bouche! C'était déjà mieux que les souris qui trainaient dans la réserve.

Lannovar était sorti de chez lui, l'été touchait à sa fin mais le temps était toujours aussi beau. Pas un nuage en vue ! Il était allé faire un tour pour se dégourdir les jambes. Il passa près de la réserve d'esclaves. Il se dit qu'il en achèterais bien un. Pour en sortir un de ce lieu sans doute invivable, il n'osa pas penser à comment ils étaient traités. Il entra et fut assez gêné par le silence qui régnait là. Toutes les cages ou presque avaient un occupant mais aucun ne parlait. Ils ne devaient pas en être autorisés. Les cages étaient exposées en rangées et assez exigues, obligeant leurs occupants à rester en position assise ou acroupie. Lann passa dans les rangées en observant les personnes dans les cages. Il s'arrêta devant l'une d'elles, occupée par une jeune femme qui devait avoir un an de moins que lui ou le même âge. Il avait été attiré par la beauté de cette personne. Elle mangeait un morceau de pain sans doute rassi. Il avait envie de la sortir de là. Le vendeur alla vers Lann.

Vous désirez quelque chose ?

C'est combien pour celle là ?

Elle est adulte, ce sera le prix normal.

L'homme désigna un écriteau qui était attaché à la cage, donnant le nom, l'âge et le prix de l'esclave. Lannovar ne l'avait pas remarqué. Il paya la somme convenue au vendeur qui lui donna une paire de menottes attachée à une chaîne en fer. Lann n'en voulait pas, il les jettera quand il sera sorti d'ici. Le vendeur ouvrit la cage après lui avoir donné des conseils dont il se fichait, voyant Lann qui ne l'écoutais pas, il alla derrière son comptoir. C'était des conseils pour des maitres sans scrupules et violents. Lann parla à la jeune femme avec douceur.

Sors, je ne te ferais pas de mal, je te le promets...

Eleanor était toujours en train de manger avec bien des difficultés quand une nouvelle personne entra dans la réserve. Cela signifiait une seule chose, qu'un des esclaves présent ici allait avoir la chance ou bien tout à fait le contraire, la malchance de sortir d'ici. Quoique d'un certain point de vue, ne vallait-il mieux pas vivre persécuté mais dans une maison de riche, plutôt que de rester à longueur de journée assise dans une cage? Bref, la réserve d'esclaves était un lieu où on avait bien assez le temps de réfléchir sur se qu'on allait devenir.

A force de voir différentes personnes passer devant les cages, elle n'avait pas réagis quand celui-ci vint auprès de la sienne. Il s'arréta même et elle en profita pour jeter un coup d'oeil furtif vers le jeune homme. Il avait l'air à peine plus agée qu'elle, les cheveux mi-longs et les yeux noirs. Il était vétu d'un long manteau de couleur sombre. Rien qu'en le regardant, elle ne pouvait deviner quelle genre de maître il pouvait être. Elle n'avait pas vraiment une bonne capacité de juger les gens et ne se plaignait pas de ce défaut. Elle écouta attentivement la discussion de l'homme et du vendeur et fut surprise que quelqu'un s'intéresse tout d'un coup à elle. Cependant, elle allait enfin pouvoir quitter cette maudite cage.

*pourquoi moi? Alors que bien d'autres avant moi étaient ici...*

Elle vit ensuite les menottes que donna le vendeur aux jeune homme. Il n'avait vraiment aucun scrupule à faire ça celui-là. Pourtant Eleanor ne comptait pas se rebeller, les menottes étaient donc inutiles. Mais elle les mettrait s'il le voudrait. Quand il vint lui parlait c'est avec une certaine douceur, ce qui rassura la jeune fille. Finalement, elle n'était peut-être pas si mal tombée. Elle sortit doucement de la cage, s'étirant un peu du à ses membres endormis à cause de la cage puis attendit. A présent elle avait un nouveau maître et devait lui obéir.

Il avait pu lire sur l'écriteau que la jeune femme s'appellait Eleanor. Un nom noble apparement. Comment était elle arrivée là ? Il aurait l'occasion de lui poser la question. Après qu'il lui ait parlé en lui demandant de sortir, elle lui obéit et s'étira car rester prostrée dans cette cage devait l'avoir engourdie. Il put la voir plus en détail. Ses cheveux longs refétaient la lumière, fesant penser à de l'or et ses yeux bleux azur étaient magnifiques. Il ne s'attarda pas trop sur sa contemplation car il ne voulait pas paraitre impoli ou passer pour un pervers.

Ne nous attardons pas ici...

Ils sortirent en se dirigeant vers la villa de Lann. Il trouva une poubelle sur le chemin et y jetta les menottes. Pourquoi dégrader encore plus la condition des esclaves ? Et puis, il considérait Eleanor comme son égale. Il le lui dirait quand ils seront arrivés. Elle pourra a sa guise aller où elle le souhaite, et sans lui ! Et elle pourra faire tout ce qui lui plaira. Sauf bien entendu les choses qui seraient gênantes pour lui ou autrui.

"Bien maître"

Lui répondit-elle quand il exprima l'envie de quitter cet endroit. Elle n'attendait que ça. Ils se dirigèrent vers la sortie, et Eleanor jeta un dernier coup d'oeil en arrière, vers les esclaves qui étaient encore à ce moment là dans des cages. Elle leur souhaitait autant de chance qu'elle avait bien pu avoir. Après avoir passé la porte, ils se retrouvèrent dehors. Par réflexe elle se mit les mains devant les yeux, car la lumière du soleil l'avait légérement aveuglé. Les cages étaient sombres, ses yeux devaient donc s'adapter à la lumière du soleil. Elle baissa finalement sa mains et regarda le ciel qui était si bleu, sans le moindre nuage. Le décor avait vraiment rien à voir avec le plafond de sa cage. Un petit sourire s'afficha même sur son visage en contemplant ce spectacle qui devait sembler si normal pour son maître.

*C'est beau...*

Durant le trajet, elle le vit soudain jetter les menottes que lui avait donner le vendeur. Cela la surprit mais elle ne posa aucune question. Elle parlerait quand son maître le lui permettra, c'est ce qu'elle avait appris pendant son petit séjour dans la réserve d'esclaves. Elle le suivit donc jusqu'à sa villa.

"Bien maître"

Elle avait une voix assez douce. Elle n'avait pas tenu compte du fait qu'il l'avait regardée un court instant, cela le rassura. Quand ils sortirent, elle se protégea de la lumière du soleil en attendant que ses yeux s'y habituent. Ceci fait, elle le suivit à travers les ruelles. Elle ne disait rien, ce devait être encore une règle que le marchand d'esclaves devait lui avoir imposé. Elle fut surprise quand il s'arrêta pour jetter les menottes dans la poubelle. Il n'utiliserais jamais d'objets de ce genre. Il n'était pas sadique comme de nombreux maitres. Il ne lui ferais aucun mal, comme il l'avait promis. Il tenait toutes ses promesses. Il n'en avait jamais trahie une seule à ce jour.

Tu peux parler autant tu le souhaites.

Il ne voulait pas qu'elle ne parle pas. Elle avait le droit de s'exprimer comme elle le souhaitait. La communication est la base de toutes civilisations disait on. Il est impossible de vivre sans. Ils arrivèrent enfin à destination.

// Allée de la Rosée-Villa de Lannovar.//