Chat de race en vente

Il avait beau savoir que ce n’était que pour une courte durée, Blue se sentait mal à l’aise. Une cage, un collier, une chaîne comme l’animal précieux qu’il était et qui risquait de s’enfuir, mais ne méritait guère plus d’attentions. Si on le lui avait demandé, il aurait pu dire qu’il ne comptait pas s’enfuir, et qu’il n’aurait jamais su survivre seul à la rue, mais qui demande à un animal de compagnie son avis ? Le neko bougea nerveusement, faisant tinter la chaîne. Il leva une petite main et bougea doucement son collier qui lui abîmait le cou, peut être de manière plus psychosomatique que réelle. Jamais son maître ne lui avait passé de collier autre que des bijoux pour orner son cou gracile, des petites chaînes dorées qui complimentaient si bien ses mèches rousses et sa peau pâle. Le contact du cuir n’était pas désagréable, mais la main indifférente de celui qui lui avait passé, vérifiant les sécurités qui assuraient qu’il ne puisse les enlever lui-même, si.

Autour de lui d’autres nekos en cage attendaient qu’un possible maître entre. Abattu et résigné pour certains, carrément agressifs pour d’autres comme en témoignait les bruits de chaînes ou de coups sur la cage qui achevait de mettre les nerfs de Blue à vif. Ne pouvaient ils se taire et faire montre d’un peu de calme ? Il fixa le regard noir d’un de ses congénères, un regard noir et sauvage. Blue ne baissa pas les yeux, quelque peu aidé par le fait qu’ils étaient tous les deux à distance et retenu par des chaînes Charmant.

Il reposa ses mains sur ses genoux et retourna à sa contemplation passive de la porte, espérant que le prochain client serait pour lui et que l’attente serait finie. Comment serait il ? Sa mère ne lui avait jamais parlé d’autres propriétaires, et il avait juste croisé des amis du maître qui l’avait complimenté sur sa joliesse, glissant parfois des regards plus appuyés sur son corps. Son maître n’avait jamais permis plus. Blue soupira, ses oreilles s’aplatissant sur le haut de son crâne.

Le léger ne passa pas inaperçu et le commis qui balayait releva les yeux de sa tache monotone et s’approcha de la cage vitrée du chat roux, avec un regard entre dégoût et perversité, le genre de regard que n’avait jamais croisé le jeune chat mais qui lui donnait envie de se recroqueviller et de s’éloigner de lui, heureux que la vitre les sépare tous deux. L’homme s’approcha lentement.

« C’est un joli chat de race çà…. Tu sais que tu vaux plus que mon mois de salaire ? »

Le balais cogna la vitre dans un bruit sourd. Blue sursauta et s’éloigna au maximum qu’il put, oubliant la chaîne qui se rappela à son bon souvenir quand il arriva au bout et que le collier mordit dans sa gorge. Il resta interdit un instant, à reprendre son souffle, sous le regard excité de l’homme.

« Que se passe-t-il ? »

« Rien patron, le petit nouveau qui s’énerve. »

« Laisse le, il ne faudrait pas qu’il se blesse, il a trop de valeur. »

Avec un geste vulgaire que Blue ne comprit qu’à moitié, l’homme retourna dans le fond de la boutique.
Le chaton soupira et fixa à nouveau son regard sur la porte, avec plus d’espoir et d’impatience cette fois.

Journée pourrie, vraiment. Se debarasser du corp de Moustache avait déjà été en soit une galère, car il avait malheureusement fallut en passer par quelques démarches administratives oh combien ennuyeuses. Et il en faudrait certainement d'autre pour le futur nouveau neiko. Quoique. Une bonne somme de paperasse verte faisait toujours ostenssiblement diminuer toute autre sortes de paperasses.

Véronèse savait déjà dans quelle boutique il allait aller. Une charmante boutique reputée pour la qualitée de ses bestioles, toutes individuellement exposées avec soins derrière des vitres toujours propre. Ainsi qu'une petite clochette tintant délicatement lorsque l'on poussait la porte, très important la petite clochette : Ca mettait immédiatement le visiteur en confiance, c'était la preuve incontestable que la boutique était familiale, ouverte et naturelle, loin de toute usine à neiko que l'on aurait put trouver.
Mais si veronèse y allait, c'était plus par habitude que pour toute autre raison.

Il poussa la porte avec vigueur, faisant tinter plus que nécessaire la petite clochette, et entra du pas décidé de celui qui se sait maitre en sa demeure. Une main manierée monta jusqu'a sa nuque pour rejeter en arrière quelques longues mèches noires un peu trop coquins, et le regard vert et calme, bien trop calme, de Veronèse parcourut l'endroit avec lenteur. Les cages, soigneusement alignées, contenaient diverses sortes de neiko, pour tous les gouts et de toutes couleurs. Le jeune homme eut un petit sourire satisfait. Qui choisir?
L'un des vendeurs, qui s'était levé de son comptoir au moment ou le jeune homme était entré, se dirigea vers lui d'un air affable.

"Je peux quelque chose pour vous monsieur?..."

"Mes yeux me suffiront pour choisir mon animal, merci"

Le sourire à faire palir un crocodile qu'il afficha alors fit palir le vendeur qui n'arrivait pas sur le coup à savoir comment reagir face à ce gosse qu'il lui parlait comme s'il était placé 6 pieds plus haut : En lançant les mots comme des steacks qu'il aurait du être heureux d'attraper. Le badge prada sur le col de la veste du jeune homme lui fit aussitot adopter un sourire commercial type aligator, parfaitement assortit à celui de Veronèse. Si ce jeune homme avait si bon gout en matière de vêtement, jugea t'il avec logique, cela ne pouvait être que quelqu'un de bien.

"Fort bien monsieur"

Déclara t'il en retournant à son comptoir. Veronèse baissa légèrement ses paupières maquillées de noir pour examiner tour à tour les Neiko mis sous verre comme des oeuvres d'arts. Certains en étaient veritablement. D'autres étaient de vrais furies.
C'est alors que son oeil fut attiré par le nombre exhorbitant de zero qu'affichait l'une des étiquettes. Paradoxalement, dans le monde des chiffres, plus un chiffre possède de zero, plus il est affilié à quelque chose de bon gout. C'était père qui le lui avait appris. Mais la vrai raison restait surtout que Véronèse ne savait pas dépenser peu. S'il faisait les choses, il les faisait en grand.
En 2 pas, sa longue veste de cuir noir, claquant légèrement sur ses mollets, il fut devant la cage de Blue, les mains jointes dans son dos, et leva légèrement le visage, l'observant avec serieux.

Cela était en effet une veritable oeuvre d'art. Une veritable sucrerie vivante. Des yeux grands ouverts, à l'air si doux, de jolis cheveux soyeux...Il y aurait tant de choses à en faire. Véronèse avait déjà essayé un neiko sauvage, pour le dresser lui même. Il lui était alors apparut qu'il préférait les neiko dociles. Et celui ci plairait certainement à mère. Il ferait très joli dans le salon, lorsqu'elle aurait des invités.
Quoique, non. Il le gardrait justement pour lui, et cette salope en serait jalouse comme une vipère. Oh oui, ça serait chouette.
Veronèse tapotte le verre avec un leger sourire. Pour lui, l'affaire était déjà entendue.

La porte s'ouvrit sur un tintement délicat qui précéda l'entrée d'un homme assez jeune, aux cheveux noirs et à l'air décidé. Blue tourna immédiatement la tête vers lui, comme la plupart des autres nekos. Un ou deux se calèrent plus loin au fond de leur cage, montrant crocs et griffes. Le chat roux resta immobile, fixant la scène avec intéret, une oreille se dressant un peu plus que l'autre en direction de la porte. L'homme faisait un petit tour, et finit par s'approcher de la sienne, suffisament mise en avant comme çà. Le jeune chat leva ses yeux sur lui, le dévisageant avec intéret . Grand, le cheveux noirs, des traits exquis emprunt d'une morne arrogance, un dédain presque palpable envers les autres êtres qui l'entourait, laissant le chaton presque mal à l'aise. Leurs regards se rencontrèrent, curieux, et l'homme leva la main et toqua sur la vitrine.

Blue sursauta et recula un peu, surpris par le bruit sourd et le fait d'être considéré comme un poisson dans un aquarium. Sa stupeur s'effaça et il avança le nez, curieux, se rapprochant de la vitre, avant de se rappeler que ce n'était pas forcément le comportement attendu d'un chat de race, aussi replia-t-il ses petites mains sur ses genoux, le dos droit, fixant toujours l'homme, sa queue battante contre sa cuisse seeul souvenir de sa curiosité qui lui grignotait les intérieurs.

Le vendeur, mielleux d'obséquiosité à l'idée de vendre sa plus belle - et surtout plus chère ! - créature se rapprocha de Véronèse en se tordant les mains, son attitude servile et avide suant de tous ses pores.

" Une excellente lignée monsieur, je peux vous montrer son pédigree si vous voulez. Rien à voir avec tous ces Neiko batars ou attrapés sauvages, ce qui garantit son extrême douceur et sa docilité. Il n'a aussi jamais été... utilisé. "

Un petit sourire grivois assorti son sous-entendu, comme si il partageait une bonne blague avec le client potentiel, le tout sous les yeux d'un petit roux qui suivait la conversation avec intéret, sans trop le montrer.

Veronèse, son regard limpide fixé sur le Neiko, observa sa reaction. Il semblait à la fois surpris, et terriblement curieux de ce qu'il se passait autour de lui. Il sembla finalement se maitriser, restant sagement assis malgré sa queue battante à son coté. Veronèse coula son regard de coté à l'approche du vendeur et de ses paroles commerciales.

"Vous attendez peut être un sourire complice de ma part ?"

Lança t'il aigrement. Il n'avait pas envie d'énoncer à haute voix ce qu'il pourrait faire au Neiko. Le faire, pas de soucis. Assumer cette forme de perversion, hors de question. Alors s'y rattachait moustache, et tout ce qu'il y avait à dire à ce sujet. Véronèse changea imperceptiblemnt de position, se callant sur sa jambe droite, dardant son regard vert sur le petit neiko.

"Je veux le voir de plus prêt, et ramenez moi son pedigree."

Intima t'il en tournant subitement le visage vers le vendeur, le visage quelqu'un qui sait qu'il va être obeit.Celui aquiesca de manière affable, avant de sortir un trousseau de clés, ouvrant le vitre.Il claqua de la langue, ordonnant à Blue de se rapprocher. Veronèse porta une phallange à ses lèvres, la mordillant légèrement, geste qu'il faisait régulièrement lorsqu'il reflechissait. Ce neiko semblait peut être un peu trop jeune et innocent. Mais ce serait certainement ça l'amusement, non? En fait, son choix était quasiement fait.

Blue suivait bien la conversation, mais n'en retirait que le fait qu'il plaisait apparemment au client, vu l'ordre de le voir de plus près. Le vendeur ouvrit la cage, l'appelant. L'odorat sensible du nekoi fut assailli par l'odeur rance de la sueur de l'homme qui avait travaillé sans prendre le temps de se laver et il fronça les sourcils, hésitant à se rapprocher et à obéir à un simple claquement de langue comme un chien de chasse. N'ayant que peu de patience, et surtout effrayé à l'idée de perdre son client et son énorme vente potentielle, le vendeur attrapa la laisse et tira d'un coup sec sur le collier. Blue fut déséquilibré vers l'avant, et lança un regard outré.

" Hé ! "

Sa petite voix légère se faisait entendre pour la première fois dans cette animalerie où le fait que les neikos pouvaient parler était comme oublié au profit de leurs caractéristiques physiques.
Il se rétablit pourtant sagement sur le devant de la cage, à genoux, comme on le lui avait demandé et comme si il ne s'était pas vautré sans grâce, un peu de rouge aux joues, lachant un regard agacé au vendeur. Celui ci tandit la laisse à Véronèse, un peu nerveux.

" Je vais vous chercher ses papiers."

Il partit vers le fond de la boutique en vitesse, laissant Blue à la garde de son futur acheteur. Le chat leva la tête, dévisageant l'homme des pieds à la tête, se mordillant les lèvres pour ne pas poser de questions.

Veronèse fronça le nez en regardant s'éloigner le vendeur, avant d'en revenir en Neiko face à lui, l'observant avec minutie. Celui ci était d'une docilitée à toutes épreuves, se rasseyant immédiatement, attendant son bon vouloir. Le jeune homme tendit la main, attrapant la laisse qui pendouillait au collier du neiko sans gêne, et tira d'un leger coup sec pour forcer l'animal à se baisser un peu, dans un position plus soumise. Veronèse leva la main, attrapant son menton, lui faisant tourner la tête, à droite puis à gauche, verifiant son integrité. Il n'était pas n'importe qui qui se serait fait arnaquer par un animal bas de gamme. De plus, c'était la 1ere fois qu'il venait acheter lui même son propre neiko, et il y mettait les formes.

Le vendeur revint en trotinnant, tendant à Veronèse quelques papiers que le jeune homme feuilleta distraitement, verfiant quelques noms dela lignée de blue. Il en connaissait certainement certains, même si la plupart du temps, les noms des animaux étaient le genre de chose qui lui passaient par dessus la tête.

"Blue..."

Un sourire amusé étira ses lèvres, et il releva la tête, regardant le vendeur avec un dédain palpable, avant de sortir sa carte bleue. Comme s'il n'attendait que ce geste, le vendeur fit marche arrière pour récuperer l'appareil à carte. Véronèse lui, attrapa Blue par le poignet, le tirant vers lui.

"Allez sort de la"

Enonça t'il d'une voix légèrement agacée.

Blue réprima un autre cri quand son futur maître attrapa sa laisse sans douceur pour le forcer à baisser la tête, l'observant sous toutes ses coutures, une main brutale sur le menton, avant de le lacher, apparement satisfait. Le neiko leva la main et frotta sa peau meurtrie. Certes il plaisait, mais lui cela ne lui plaisait pas tant que çà. Il avait l'habitude d'être traité avec un certain égard, du à son pédigree ou à son frais minois il ne savait pas, mais pas ce désagréable sentiment d'être un objet.

" Vous auriez pu me demander. " souffla-t-il.

Le regard du vendeur se fixa sur lui avec colère et horreur, mais Blue ne le regarda pas. Il avait parfaitement compris où était l'autorité pour le moment, et cette homme minable qui nettoyait les cages et tirait sur sa laisse n'avait pas grand pouvoir sur lui présentement. Et, possiblement par mimétisme sur son ancien maître, le chat de race ne regardait guère les domestiques et autres qui n'avaient pas à faire avec la bestiole de luxe qu'il était.

Il sortit de sa cage, tiré par Véronèse, et se redressa à ses côtés, plus petit, tirant la chaine cliquetante à ses côtés. Il leva la main pour tirer un peu sur le cuir de son collier, avec un regard expectatif pour son maître. Surement allait il lui retirer cet hideux collier qui le génait tant maintenant ? Sa queue voletait derrière lui, affichant le semblant de nervosité qu'il ne montrait pas vraiment. Il avait un nouveau maître qui prendrait soin de lui, pourquoi s'inquiétait maintenant ?

La réponse soufflée par le neko fit hausser un sourcil à Véronèse.

"Je pensait que cet établissement était de qualité, vous vous laissez aller par ici"

Lança t'il dans le vide, sans vraiment s'interesser à ce qu'il disait. Plus par habitude de critiquer et dédaigner tout ce qui ne se montrait pas à sa hauteur. Il tendit la main, attrapant Blue par le bras pour l'aider à descendre et se mettre debout à son coté. Il était plus petit que lui, plus jeune aussi comme le montrait ses papiers autant que l'air juvenile qu'il affichait malgré lui. L'ample kimono de soie brodée dont il était paré le faisait sembler plus fluet peut être.
Véronèse ne s'attarda pas sur ces considerations, et sans lacher la fine laisse élegament ornée de view, il tapotta nonchallement un code sur l'appareil à carte. Le temps que la transaction s'effectue, il jeta un oeil ennuyé alentour, comme si rien ici n'était à la hauteur de ce à quoi il aurait été en droit d'exiger, et recupera sa carte d'un geste sec lorsque le vendeur la lui tendit.

"S'il y à le moindre soucis monsieur, n'hésitez pas à revenir."

Veronèse lui lança un regard qui laissait bien comprendre que s'il y avait le moindre soucis, ce vendeur le regretterait immédiatement, puis fit quelques pas vers l'une des vitrines d'accesoires ici presentes. Nourritures spécialisées, laisses, colliers, jouets, tout était la pour dorloter son neiko comme il se doit. Le vendeur se tordait les mains de stress, se demandant pourquoi ce jeune homme restait encore dans la boutique.
Véronèse se tourna à moitié vers son nouveau jouet tenu en bout de laisse, la lèvre à moitié relevée dans une moue dédaigneuse.

"Ce collier est affreux"

Il claqua des doigts, et designa dans la boutique un collier rouge sombre orné d'un grelot, ainsi que d'un prix contenant lui aussi moults zero.

"Le collier, et...Les menottes"

Il se retint de sourire, préférant sourire dans sa tête et laisser son neiko aprehender ce qui allait lui arriver. Concrètement? Veronèse n'avait rien de prevu. Puis son regard était tombé sur cet objet. Les idées qui ne manqueraient pas de naitre dans le cerveau de...Blue...Et le comportement qui en découlerait serait forcement des plus amusant.

La transaction fut rapidement operée, le vendeur bloqué en mode "sourir commercial" de devoir vendre en 2 fois ce qui aurait put être fait en une, et Veronèse se detourna de lui comme s'il n'était qu'une chose insignifiante de plus, débouclant de ses doigts fin le collier qui était autour du cou de son neiko, le laissant tomber au sol sans plus s'en preoccuper, pour ensuite lui passer le collier neuf orné du grelot. Veronèse se laissa aller à un sourire satisfait.

Il fit mine de sortir de la boutique, attendant de blue qu'il le suive sans broncher.

Blue pencha la tête sur le côté, sans être sur de bien comprendre à qui et à quoi s'adresser la remarque de son nouveau maître. Il n'avait certes pas fait preuve d'outrecuidance ou dépassé ses droits en ouvrant la bouche. Mais son maître n'avait aucun regard pour lui, contemplant la boutique sans la cher sa laisse qu'il ne semblait pas près de déboucler. La queue du neiko s'agitait un peu plus violemment alors qu'il attendait sans broncher, craignant le moment où la laisse serait tendue totalement et le forcerait à marcher contre son gré. Le visage de Blue reflétait cette incertitude croissante.

Véronèse se retourna vers lui, et Blue soupira de soulagement.
Enfin ! Il allait lui retirer ce collier si désagréable et disgracieux, totalement dénué d'intéret !
Tout faux.
C'est dans un état proche de la stupeur qu'il le regarda acheter un second collier et le lui boucler autour du cou avec fermeté. Contrairement à ce qu'avait cru Véronèse, le chat ne fut pas effrayé par l'idée des menottes, encore bien trop sous le choc du nouveau collier autour du cou. Il aurait bien le temps d'y penser plus tard.

Une petite main effratée monta à sa gorge, tatant du collier serré juste à la mesure de son cou, sans l'étrangler, mais assez serré pour se faire sentir quand il prenait de grandes inspirations. Il tira un peu dessus, obtenant un charmant bruit de clochette, léger et d'autant plus détestable.
Il secoua la tête plus fort, et n'obtint qu'un bruit plus appuyé. Mais que pouvait il y faire ? C'était la volonté de son maître et il devait juste l'accepté avec bonne grâce.

Son maître ne lui accordait pas plus d'attention et sortait déjà, et ce fut un petit à-coup sur la laisse qui le réveilla et le fit prendre le pas et rattraper l'homme qui déciderait maintenant de sa vie. L'air frais de l'extérieur figea le neiko habitué aux salons chauffés - même la boutique avait été à une température convenable - et sous son ample kimono il frissonait, ébourriffé. La laisse ne lui laissa pas le temps de s'habituer et il força le pas pour rejoindre Véronèse.

" Je n'ai pas besoin de ce collier pour obéir. "

A peine sortit de la boutique, que Véronèse était déjà retourné à ses pensées. Il allait rentrer maintenant, il ne voyait pas quoi faire d'autre en cet aprés midi. Surement preparer une nouvelle façon ingenieuse de tuer le temps.
La voix de son neiko s'eleva, fluette, et Veronèse tourna légèrement la tête pour le regarder avec dédain. C'était vraiment dommage qu'un si joli visage soit sans cesse teinté de pareilles expressions.

"Ah bon? Je pense au contraire que si"

Sa voix était à present lente et reflechie, gardant toujours ces relents d'orgueuil qu'il avait utilisé face à l'homme dans la boutique. La voix de quelqu'un desabusé, qui savait qu'il aurait de toutes façons ce qu'il voulait.

"Tu es tellement effronté"

La façon dont étaient énoncés ces mots laissaient sous entendre qu'il s'agissait possiblement d'une tare familiale, ou alors d'un virus, mais rien qui ne soit honnetement guerissable par diverses méthodes plus ou moins honorables. Un sourire un peu cruel étira ses lèvres alors qu'il levait lentement la main pour effleurer l'une des oreilles poilues du neiko.

Sans comprendre, Blue écouta son maître. Besoin d'un collier ? Lui effronté ? Une moue agacée apparue sur les traits délicats du Nekoi. Pure lignée, très bien éduqué, il n'avait nul besoin qu'on lui apprenne quoi que ce soit ou qu'on le traite comme une de ces bestioles domestiques à dresser. Peut être ne savait il pas si bien que çà où était sa place finalement, ou que si bien gaté il avait l'habitude d'être traité avec un peu plus d'attention, mais ses oreilles s'écrasèrent dans sa chevelure rousse, preuves de son agacement, et du peu d'envie qu'il avait d'être touché par ce nouveau maître. C'était un comportement peu adapté et qui convenait mal à un joli chaton comme lui, il le savait au fond mais...

" Je n'ai pas l'habitude d'être traité comme un neiko bas de gamme. "

Un petit geste du menton, un bruit de clochette. Tout geste qu'il tenterait de faire serait toujours ponctué de ce tintement guilleret passablement agaçant. Il n'avait pas le droit à être autre chose que parfaitement adorable. Ce qu'il était, malgré sa petite moue et ses oreilles en arrière.

Le sourire de son maître aurait pourtant du le mettre sur la voie, mais où aurait il appris l'epxérience et de se méfier de ce genre de personne ? De toute façon, il était parti pour apprendre rapidement ce que çà voulait dire.

Les oreilles s'applatirent à l'approche de sa main, Veronèse gardant alors un court instant son geste en suspens, ses doigts fins juste au dessus de la chevelure de blue. Le neiko repliqua, levant la visage avec un tintement de clochettes. Veronèse plissa legerement les yeux, sans se departir de son air tranquille, et sans preavis, attrapa violement le menton de Blue pour le faire tenir immobile, le regardant dans les yeux.

"Alors en ce cas comporte toi comme tel"

Gronda t'il, agacé de cette petite chose qui n'avait de cesse de s'exprimer. Il serra les doigts, puis le relacha, partant d'un pas rapide pour le conduire chez lui, tirant sur la laisse plus que de neccessaire, agacé que l'animal ne soit pas parfaitement docile. Le ramener à la boutique? Et puis quoi encore ? Veronèse était tetu comme une bourrique et capricieux comme un gosse. Il voulait Blue, et il l'aurait, par n'importe quel moyen.

La réponse n'attendit pas, sous forme d'une répartie physique à laquelle le neiko se trouva pris au dépourvu, inhabitué àa la violence physique. Son mouvement de recul fut impossible à cause de la poigne sur son visage, des doigt cruels qui serraient sa peau fragile. Un gémissement s'échappa de ses lèvres entrouvertes, le regard fixé à celui de Véronèse.
Ce n'était pas la douleur, mais bien l'atteinte à son intégrité physique qui le perturbait.

Son maître finit par le relacher, le laissant figé sur place, la queue collée à sa cuisse, presque recroquevillé dans son kimono. Toute personne ayant eu un peu de coeur aurait été apitoyé à l'instant. Apparemment Véronèse manquait de ce petit détail sentimental car il repartit sans laisser à Blue le temps de se reprendre, secouant sans ménagement la laisse et le collier de son neiko.

Blue prit le pli de le suivre. Il n'avait pas le choix. Mais apparemment son maître aurait lui aussi besoin d'être éduqué sur la façon dont on traitait un neiko.